Le chant des cachalots, une des créatures les plus étonnantes de notre planète, a intrigué les scientifiques et les marins pendant des siècles. Les sons qu’ils émettent, composés de cliquetis répétitifs, ressemblaient davantage à un transfert de données numériques qu’à une mélodie harmonieuse. Ce n’est que dans les années 1950 que les scientifiques ont compris que ces sons proviennent en fait de ces géants marins, et ce n’est qu’en 1970 qu’ils ont réalisé que ces sons étaient une forme de communication.
L’importance du projet SETI
Aujourd’hui, des chercheurs pensent que les cachalots pourraient être la clé pour déverrouiller une barrière que nous n’avons jamais franchie : la communication inter-espèces. Le projet le plus ambitieux dans ce domaine est le projet « Cetacean Translation Initiative » ou SETI, lancé en mars 2020. Ce projet vise à utiliser les dernières avancées en machine learning et en intelligence artificielle pour décrypter les sons des cachalots et potentiellement comprendre leur langue.
Comprendre les cachalots et leur communication
Les cachalots possèdent le plus gros cerveau de tous les animaux sur Terre. Ils ont des vies sociales et familiales riches, un certain niveau de culture et un système de communication complexe pour tout cela. Leur répertoire de sons, appelé codas, pourrait être aussi complexe que notre propre langage. Les codas diffèrent selon les régions, et les veaux de cachalots mettent jusqu’à deux ans pour produire des codas reconnaissables, un processus qui ressemble à celui des bébés humains apprenant à parler.
Pouvoir des technologies de traduction de langue
Avec les avancées récentes en traitement du langage naturel, comme GPT-3, les scientifiques pensent qu’ils peuvent appliquer ces techniques pour essayer de comprendre les codas des cachalots. Depuis 2014, la traduction machine repose sur le modèle d’apprentissage profond « encodeur-décodeur ». En 2018, une nouvelle avancée a permis la traduction complètement non supervisée, basée sur les propriétés statistiques de mots dans différentes langues. Cette technique pourrait également être appliquée aux sons des cachalots.
Les méthodes de collecte de données
Pour que la machine puisse traduire, elle a besoin de masses de données. SETI prévoit de rassembler des enregistrements de codas de cachalots grâce à une combinaison de dispositifs autonomes et semi-autonomes:
Flotte de bouées
Des bouées équipées de divers enregistreurs audio seront déployées à différentes profondeurs pour collecter les données acoustiques. Les scientifiques pourront identifier les codas spécifiques à certaines profondeurs, ce qui pourrait aider à trouver des patterns dans le langage des cachalots.
Capteurs à ventouses
Des dispositifs d’enregistrement seront attachés directement aux cachalots par des ventouses, permettant de recueillir des données détaillées sur les sons qu’ils émettent, ainsi que sur leurs mouvements et leurs comportements.
Drones aquatiques
Des drones autonomes enregistreront les sons et les vidéos de plusieurs animaux simultanément, observant ainsi leurs comportements et conversations dans des groupes de cachalots.
Les défis et les hypothèses
Un des défis majeurs de ce projet est la complexité des codas. Les variations dans les cliquetis peuvent représenter des différences de prononciation ou des variations fondamentales ayant des significations distinctes. De plus, l’utilisation de systèmes de traduction automatique non supervisés pourrait requérir que les cachalots partagent certains concepts avec les humains, ce qui reste incertain. Les chercheurs espèrent néanmoins identifier des fragments de langage qui pourraient nous donner des indices sur leurs vies, leurs familles et même leurs intentions.
Conclusion : une avancée vers la préservation des cachalots
Mieux comprendre les cachalots pourrait aussi renforcer leur protection. Les écosystèmes marins sont menacés par le changement climatique, et les cétacés n’y font pas exception. Des phénomènes comme les vagues de chaleur marines et l’impact des activités humaines comme la navigation perturbent la vie des cachalots. La tentative de comprendre leur langue pourrait non seulement satisfaire notre curiosité scientifique mais aussi nous inciter à agir pour leur préservation.
Références :
Source : Real Science