Depuis 2006, les scientifiques ont remarqué un pic inhabituel de méthane dans l’atmosphère, un puissant gaz à effet de serre. Ce phénomène a intrigué la communauté scientifique, car il n’était pas lié à l’augmentation des combustibles fossiles d’origine humaine. Cette hausse pourrait être le signe d’un événement climatique majeur, comparable à la fin des périodes glaciaires précédentes. Cet article explore les causes potentielles de cette montée de méthane, les implications pour le climat actuel et les parallèles avec les événements de fin de période glaciaire passés.
Le méthane et les périodes glaciaires
Le méthane, bien plus puissant que le dioxyde de carbone en termes de réchauffement global, reste dans l’atmosphère environ une décennie avant de se décomposer. Historiquement, des hausses similaires ont été observées tous les 100 000 ans lors de la fin des périodes glaciaires. Ces événements marquent une transition rapide d’une Terre couverte de glace à des périodes de réchauffement climatique. Cependant, la dernière occurrence remonte à seulement 12 000 ans, soulevant des questions sur les raisons d’un pic aussi prématuré aujourd’hui.
Les cycles climatiques : le contexte historique
Nous vivons actuellement dans la période quaternaire, qui a débuté il y a 2,58 millions d’années. Cette période se caractérise par des cycles glaciaires où de vastes calottes glaciaires recouvrent l’Amérique du Nord, l’Europe du Nord et l’Asie. Ces périodes alternent avec des périodes interglaciaires plus chaudes, comme celle dans laquelle nous vivons actuellement, appelée l’Holocène. Ce climat stable a permis le développement de l’agriculture et des civilisations humaines. Toutefois, nous restons techniquement dans une période glaciaire, car les calottes glaciaires n’ont pas complètement disparu.
Les facteurs naturels influençant le climat
L’évolution du climat terrestre est influencée par des cycles astronomiques appelés cycles de Milankovitch, qui incluent :
- L’excentricité : la variation de l’orbite terrestre autour du Soleil, qui fluctue sur environ 100 000 ans.
- L’inclinaison de l’axe terrestre : elle varie entre 22,1° et 24,5° tous les 41 000 ans, influençant l’absorption du rayonnement solaire par les pôles.
- La précession : l’oscillation de l’axe terrestre, qui modifie la position des saisons sur une période de 19 000 à 23 000 ans.
Ces cycles combinés provoquent des boucles de rétroaction où la fonte des glaces expose des surfaces plus sombres, augmentant encore la température. Ce processus déclenche souvent des périodes de réchauffement rapide, entraînant la déglaciation complète en seulement quelques décennies, comme observé par le passé.
La montée du méthane en 2006 : une anomalie préoccupante
Le pic de méthane observé en 2006 s’écarte des schémas habituels. Les scientifiques ont découvert que la moitié de cette augmentation provenait de processus biogéniques naturels, notamment des zones humides et du pergélisol en décomposition, libérant des quantités massives de méthane. Bien que les activités humaines, comme l’agriculture et les infrastructures de gaz naturel, aient contribué à cette hausse, la nature semble jouer un rôle prédominant, ce qui complique la possibilité d’atténuer ces émissions.
Les nouvelles technologies de détection du méthane
Les scientifiques utilisent désormais des technologies avancées, comme des lasers infrarouges, pour cartographier les émissions de méthane à travers le globe. Des « super émetteurs », notamment dans des décharges ou des infrastructures pétrolières, ont été identifiés, notamment au Turkménistan où des panaches de méthane mesurant jusqu’à 20 kilomètres ont été observés. Ces émissions massives représentent un défi important, car le méthane est plus difficile à capturer que le CO2.
Quelles sont les conséquences pour notre planète ?
La principale question demeure : sommes-nous en train de vivre un événement de fin de période glaciaire ? Les signes actuels, tels que l’augmentation rapide du méthane, pourraient indiquer une réorganisation majeure du climat. Cependant, contrairement aux événements passés, nous sommes déjà dans une période interglaciaire où les glaciers ont largement reculé. Les scientifiques sont encore incertains sur la trajectoire future de ces changements, mais il est possible que nous soyons à l’aube d’une transformation climatique sans précédent.
Conclusion
Bien que les données actuelles montrent une tendance inquiétante de l’augmentation du méthane, il est encore difficile de déterminer si cette situation marque le début d’une nouvelle phase climatique majeure. Les cycles passés fournissent des indices, mais les mécanismes sous-jacents semblent différents. Cette incertitude souligne l’importance de continuer à surveiller et comprendre ces phénomènes pour anticiper les effets futurs sur notre climat et notre biosphère.
Source : Dr Ben Miles