La culture de l’huile de palme : une menace pour les orangs-outans
La culture de l’huile de palme en Indonésie, notamment sur l’île de Bornéo, représente une menace directe pour les orangs-outans, une espèce de grands singes déjà en danger d’extinction. Environ 50 % des produits que l’on trouve en supermarché contiennent de l’huile de palme, une demande qui pousse à l’expansion des plantations aux dépens des forêts tropicales, habitat naturel des orangs-outans. Cette déforestation massive force ces animaux à quitter leur environnement naturel et les expose à de nombreux dangers.
Les forêts abattues laissent place à des étendues de palmiers à huile, privant les orangs-outans de leurs sources de nourriture naturelles comme les fruits, les feuilles et les pousses. En quête de subsistance, certains d’entre eux se tournent alors vers les jeunes pousses de palmier, entrant ainsi en conflit direct avec les agriculteurs. Ce comportement augmente les risques pour ces primates, car les agriculteurs défendent férocement leurs cultures, n’hésitant pas à les chasser ou même à les tuer.
L’impact de cette déforestation est amplifié par le fait que les orangs-outans sont une espèce particulièrement vulnérable. Les femelles ne mettent bas qu’une fois tous les huit ans, et il faut plusieurs années aux jeunes pour atteindre la maturité. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) prévoit que d’ici 2025, la population d’orangs-outans pourrait avoir diminué de 82 % en seulement 75 ans, ce qui représente trois générations pour cette espèce.
Un témoignage poignant à travers l’objectif de Jayaprakash Joghee Bojan
Au parc national de Tanjung Puting, Bornéo, le photographe Jayaprakash Joghee Bojan a capturé une scène rare qui illustre la détresse des orangs-outans face à la déforestation. Armé de son appareil photo, Bojan s’est aventuré dans les eaux boueuses d’une rivière, sous l’œil vigilant des rangers prêts à intervenir en cas de danger, pour immortaliser un orang-outan mâle tentant de traverser ce cours d’eau, un comportement inhabituel pour ces primates peu enclins à nager.
Les orangs-outans préfèrent généralement se balancer de branche en branche grâce à leurs longs bras, plutôt que de s’aventurer dans l’eau. Ce comportement inédit pourrait être une conséquence directe de la destruction de leur habitat, les poussant à explorer des territoires et des situations qu’ils auraient autrement évités. La photo de Bojan, où l’orang-outan regarde fixement l’objectif, semble crier à l’aide et soulève des questions sur les menaces pesant sur cette espèce.
C’est cette image poignante, capturant la vulnérabilité des orangs-outans, qui a valu à Bojan le Prix de la Photographie naturaliste de l’année 2017.
Un engagement de longue date pour la préservation des espèces menacées
Jayaprakash Joghee Bojan n’est pas un inconnu dans le domaine de la conservation de la faune sauvage. Ayant grandi entouré d’animaux dans le Tamil Nadu, en Inde, Bojan a nourri une passion pour la nature qui l’a conduit à documenter les espèces en danger. Après avoir déménagé à Singapour et commencé à photographier les primates menacés dans le zoo local, il a décidé de se lancer dans un voyage à travers l’Asie du Sud pour capturer ces espèces dans leur environnement naturel.
Son expédition l’a mené dans le parc national de Tanjung Puting, où il a passé plusieurs jours à photographier des orangs-outans. Malgré de nombreuses rencontres, Bojan n’était pas entièrement satisfait de ses clichés jusqu’à ce qu’il entende parler d’un orang-outan traversant parfois le fleuve Sekonyer. Après une première tentative infructueuse, il a finalement réussi à capturer ce moment exceptionnel.
Bojan a compris que pour obtenir la confiance de l’animal, il devait se mettre à son niveau, ce qui l’a conduit à entrer dans l’eau glacée pour photographier l’orang-outan de près. Ce face-à-face a duré une trentaine de minutes, permettant à Bojan de documenter la traversée du primate. Ce dernier, en regardant fixement Bojan, semble exprimer une détresse qui reflète la situation critique de son espèce.
L’urgence de la conservation et les efforts locaux
La situation des orangs-outans en Indonésie est complexe, car la culture de l’huile de palme contribue à l’économie locale et offre des emplois à de nombreuses personnes. Cependant, la nécessité de protéger ces grands singes est indéniable. Des groupes éco-touristiques, comme ceux qui ont aidé Bojan lors de son expédition, travaillent activement à sensibiliser les cultivateurs à l’importance de préserver les habitats naturels. Ils achètent même des terrains pour les protéger de la conversion en plantations.
Bojan, conscient de la gravité de la situation, prévoit de reverser une partie de la somme obtenue grâce à sa photo à ces initiatives locales, contribuant ainsi à la conservation des orangs-outans. Pour lui, ces animaux méritent une attention particulière, tant pour leur rôle dans l’écosystème que pour leur nature si proche de celle des humains.
En conclusion, bien que la culture de l’huile de palme soit un pilier économique dans des régions comme Bornéo, elle pose une menace existentielle pour les orangs-outans. Les efforts pour équilibrer le développement économique avec la préservation de la faune doivent être intensifiés pour éviter que cette espèce emblématique ne disparaisse à jamais.