Elon Musk, personnalité incontournable de la technologie et de l’innovation, est mondialement reconnu pour ses succès avec Tesla, leader des voitures électriques, et SpaceX, pionnier de la privatisation des vols spatiaux. Cependant, sa critique acerbe du score ESG (environnement, social et gouvernance), qu’il a qualifié d’« escroquerie », a provoqué un véritable séisme dans la sphère économique. En réponse, le Forum économique mondial (FEM) et son président Klaus Schwab, ardent promoteur de ces critères ESG, tentent de défendre leur vision. Ce clash entre Musk et Schwab soulève des interrogations fondamentales sur l’ESG, son utilité réelle et les motivations idéologiques qui pourraient se dissimuler derrière ce système de notation.
ESG : un outil de durabilité ou une façade ?
Le score ESG est conçu pour évaluer les entreprises sur des critères de durabilité, couvrant les impacts environnementaux, les droits sociaux et les pratiques de gouvernance. L’objectif affiché est d’aider les investisseurs à repérer les entreprises qui adoptent des pratiques responsables, et ainsi de les orienter vers celles qui, en théorie, œuvrent pour le bien commun. Depuis 2019, l’indice S&P 500 ESG classe les 500 plus grandes entreprises américaines selon ces critères. On estime que d’ici 2025, les investissements en actifs ESG pourraient dépasser les 50 000 milliards de dollars, un potentiel financier qui attire à la fois les investisseurs et les critiques.
Pour les défenseurs du score ESG, cette notation permet de mesurer le niveau d’engagement durable des entreprises. Cependant, dans les faits, de nombreuses entreprises utilisent le concept de durabilité comme une simple façade pour redorer leur image, une pratique de plus en plus critiquée sous le terme de greenwashing ou « écoblanchiment ». En d’autres termes, des entreprises polluantes se parent de l’image du développement durable pour attirer des capitaux, tout en continuant des pratiques destructrices. Par exemple, des géants du pétrole comme Exxon Mobil affichent des engagements « durables » tout en contribuant massivement aux émissions de gaz à effet de serre, sans pour autant être réellement sanctionnés par leur score ESG. Cette situation met en lumière l’une des grandes failles du système ESG, qui accorde parfois des scores élevés à des entreprises aux actions discutables.
Le paradoxe de Tesla : pourquoi Elon Musk est furieux
Tesla, pourtant en première ligne pour promouvoir des véhicules électriques non polluants, a obtenu un score ESG de seulement 28,6, ce qui a entraîné son exclusion de l’indice S&P 500 ESG. Cette décision a fait bondir Elon Musk, qui n’a pas hésité à qualifier le score ESG de « fraude » sur Twitter, affirmant qu’il n’est qu’un outil de manipulation utilisé par des « faux défenseurs de la justice sociale ». Selon lui, le système ESG est politiquement biaisé et favorise uniquement les entreprises qui s’alignent sur des idéologies de gauche, au détriment de celles qui produisent un véritable impact positif pour la société et l’environnement.
Les raisons de la faible notation de Tesla sont multiples : l’entreprise a été critiquée pour ne pas avoir de stratégie claire et complète de réduction de ses émissions de carbone, et elle a été éclaboussée par des accusations de discrimination raciale et de conditions de travail difficiles dans son usine de Californie. Pour Musk, ces critères ignorent les réalisations concrètes de Tesla en matière de transport durable. Par ailleurs, voir une entreprise comme Exxon Mobil intégrée dans l’indice ESG alors que Tesla en est exclue accentue son sentiment que le système est fondamentalement corrompu et motivé par des intérêts politiques.
Le Forum économique mondial : un pilier de l’élite et des controverses
Le Forum économique mondial, fondé en 1971 par Klaus Schwab, joue un rôle central dans la promotion des principes ESG. Chaque année, sa réunion à Davos, en Suisse, rassemble les élites économiques, politiques et médiatiques, créant un espace de discussions autour des défis mondiaux. Schwab défend une vision de la gouvernance inspirée de la « théorie des parties prenantes », selon laquelle les entreprises doivent prendre en compte l’impact de leurs décisions non seulement sur leurs actionnaires, mais sur l’ensemble de la société.
Pour le FEM, l’ESG est un outil fondamental pour promouvoir une économie mondiale plus éthique et durable. Mais beaucoup voient dans cette organisation un « club de l’élite », déconnecté des réalités quotidiennes. Roger Bregman, historien néerlandais, a vivement dénoncé ce qu’il considère comme une hypocrisie : les participants arrivent en jets privés pour discuter du climat, une situation qu’il a comparée à « une réunion de pompiers où l’on interdirait de parler d’eau ». Les critiques pointent également les stratégies d’évasion fiscale pratiquées par nombre de ces entreprises, qui, bien qu’elles prônent la durabilité, exploitent des échappatoires fiscales aux dépens du bien commun.
La grande réinitialisation : ambition ou conspiration ?
Lors de la pandémie de Covid-19, le Forum économique mondial a proposé un concept ambitieux : la « grande réinitialisation ». Selon Schwab, cette initiative vise à repenser l’économie mondiale en plaçant l’inclusivité, la résilience et la durabilité au centre des priorités. Cependant, ce projet a rapidement attiré les critiques et a nourri des théories du complot. De nombreux observateurs ont vu dans cette « grande réinitialisation » un plan de contrôle global orchestré par l’élite, avec pour but de centraliser le pouvoir au détriment des libertés individuelles et de la propriété privée.
La résonance de ces accusations s’est amplifiée sur les réseaux sociaux, où la méfiance envers le FEM a pris de l’ampleur. Selon certaines théories, le Covid-19 et cette grande réinitialisation seraient des outils utilisés par les puissants pour instaurer un nouvel ordre mondial autoritaire. Si ces théories peuvent paraître exagérées, elles illustrent un profond malaise populaire face à l’influence grandissante des multinationales et des instances internationales comme le FEM sur la gouvernance mondiale.
Un échange musclé : Klaus Schwab contre Elon Musk
Face aux critiques de Musk, Schwab réagit fermement en maintenant que l’ESG est un outil de régulation indispensable pour responsabiliser les entreprises. Ce désaccord public révèle une opposition frontale entre deux visions du monde : celle de Musk, entrepreneur défiant les institutions et dénonçant un système qu’il considère comme biaisé, et celle de Schwab, qui milite pour un encadrement strict des entreprises au nom de la durabilité et de l’éthique. Pour Schwab, ignorer les critères ESG reviendrait à encourager des comportements irresponsables, là où Musk voit un outil manipulé par des élites au profit de leurs agendas politiques.
Ce débat souligne les tensions croissantes autour de la question de la durabilité et de la gouvernance mondiale, des thèmes centraux du XXIe siècle. Tandis que le FEM reste ferme dans son approche, Musk continue de contester ce qu’il perçoit comme un système opaque et partial. Au cœur de ce conflit, c’est l’idée même d’une gouvernance équitable, capable de concilier innovation et régulation, qui est en jeu.
Source : Futurist Mania