Et si la solution à nos problèmes résidait simplement dans la plantation d’arbres ? Pas quelques arbres ici ou là, mais bien des milliards. La Chine a relevé ce défi en lançant l’un des plus grands projets écologiques jamais entrepris : la Grande Muraille Verte de Chine, également connue sous le nom de « Projet Brise-Vent des Trois Nord ». Avec 66 milliards d’arbres plantés sur une distance de 4500 km, ce projet vise à combattre l’avancée du désert de Gobi, qui constitue une menace pour la santé humaine, animale et l’économie chinoise.
Le problème
La Chine est un pays immense dont une grande partie est constituée de zones désertiques, représentant 20 % de son territoire. En 1990, selon la Banque mondiale, seulement 16 % de son territoire était couvert de forêts. Cette couverture forestière diminue chaque année, tandis que l’extension du désert progresse rapidement. En 2006, par exemple, une superficie équivalente au Luxembourg, soit 2600 km², a été recouverte de sable en une seule année.
Ces changements ont des conséquences désastreuses, notamment l’apparition de gigantesques tempêtes de sable connues sous le nom de « dragon jaune », qui sévissent jusqu’à la côte est des États-Unis. Ces tempêtes et la désertification coûtent à la Chine plus de 31 milliards de dollars par an. Plusieurs causes sont à l’origine de cette situation, y compris le changement climatique, l’élevage intensif, la coupe d’arbres pour le chauffage, et le pompage excessif des nappes phréatiques par les fermes et les usines. Tous ces facteurs combinés ont desséché les sols et accéléré l’avancée du désert.
La solution chinoise
Pour contrer ce phénomène, la Chine a lancé en 1978 le Projet Brise-Vent des Trois Nord, avec l’ambition de créer d’ici 2050 une ceinture verte de 4500 km de long. L’objectif est de planter des arbres pour servir de coupe-vent, améliorer la qualité des sols grâce aux racines et au feuillage, et retenir l’humidité.
Deux techniques principales sont employées pour planter ces arbres :
- Le lancement aérien, qui permet de planter sur de larges bandes de terre dans les régions moins arides.
- La rémunération des paysans pour planter des arbres et des arbustes dans les zones plus difficiles.
Le gouvernement chinois va même jusqu’à louer des parcelles de terre à la population locale, leur demandant de planter des arbres au lieu de cultures vivrières.
Une réussite relative
Ce projet, malgré ses nombreuses controverses, a vu la superficie forestière de la Chine augmenter. En 2020, la couverture forestière représentait 23 % du territoire, contre 9 % en 1949. Les tempêtes de sable ont également été réduites de 20 % entre 2009 et 2014.
Cependant, des problèmes subsistent. En mettant l’accent sur la quantité plutôt que sur la qualité, la Chine a planté principalement trois essences d’arbres: le pin, le saule et le peuplier. Cela pose des risques majeurs; une maladie peut décimer de vastes étendues de forêts, comme cela s’est produit en 2000 lorsque 1 milliard d’arbres ont été détruits.
Les tempêtes hivernales, comme celle de 2008, effacent chaque année 10 % des arbres plantés, et beaucoup d’arbres sont plantés dans des sols pauvres et non adaptés, ce qui compromet leur croissance et leur survie. Les arbres utilisés, qui ne sont pas endémiques, ont besoin de grandes quantités d’eau, menaçant l’écosystème déjà fragile des régions arides.
Et si on laissait la nature faire ?
Un autre point de vue proposé est de laisser la nature reconquérir les espaces détruits. Une forêt non perturbée peut s’étendre naturellement, en respectant les conditions locales de sol, de climat et de biodiversité. Cette approche, plus lente, permettrait de recréer des écosystèmes durables et équilibrés.
La Banque mondiale appuie cette vision, soulignant l’importance de la qualité plutôt que de la quantité. Le rétablissement des écosystèmes endommagés nécessite du temps et des efforts minutieux, souvent incompatibles avec les échéanciers humains à court terme.
Conclusion : Une leçon pour l’avenir
La Grande Muraille Verte de Chine est un projet pionnier et ambitieux, faisant de la Chine un des principaux contributeurs au reboisement mondial. Toutefois, son succès reste mitigé : les arbres ayant survécu apportent certes des bénéfices environnementaux, mais l’objectif de stopper l’avancée du désert est loin d’être atteint.
Les leçons tirées de ce projet ont déjà servi d’exemple, notamment pour la Grande Muraille Verte d’Afrique, qui privilégie une diversité d’espèces endémiques. Le projet chinois, bien qu’imparfait, a permis de faire avancer notre compréhension de la manière de réparer les dégâts écologiques que nous avons causés.
Pour en apprendre davantage, veuillez consulter les sources suivantes :
Source : Le monde de Gourdil