Légalisation croissante du cannabis aux États-Unis
Les États-Unis ont récemment franchi un cap significatif en matière de politique sur le cannabis. De nombreux États ont commencé à légaliser son usage, notamment pour des fins récréatives, marquant une transition notable dans le pays. En 2012, les États du Colorado et de Washington ont été les premiers à légaliser cette drogue, ouvrant la voie à un mouvement qui a rapidement pris de l’ampleur à travers les États-Unis. En février 2022, 18 États, ainsi que Washington D.C. et Guam, avaient déjà suivi cet exemple.
Cependant, malgré cette tendance de légalisation, le cannabis reste encore classé comme une drogue de l’annexe I au niveau fédéral. Cette classification le place dans la même catégorie que des substances telles que l’héroïne et le LSD, des drogues considérées comme les plus dangereuses et sans usage médical acceptable. Cette situation soulève des questions, surtout quand des substances telles que l’alcool et le tabac, bien plus accessibles et potentiellement dangereuses, sont légales.
Origines de l’interdiction : du chanvre au cannabis
Avant l’interdiction, le cannabis, ou plutôt le chanvre, faisait partie intégrante de la vie quotidienne américaine. Le chanvre, une variété de la plante de cannabis contenant peu de THC, était utilisé pour fabriquer des vêtements, des cordes et autres produits. Les cultivateurs de Virginie étaient même obligés de le cultiver au XVIIe siècle. Ce matériau était si précieux que dans certaines colonies américaines, il servait de monnaie légale.
Cependant, au début du XXe siècle, l’arrivée de travailleurs migrants mexicains a contribué à un changement d’attitude à l’égard de cette plante. Ces travailleurs ont popularisé le terme « marijuana », alors que les Américains la connaissaient plutôt sous le nom de « cannabis ». Ce changement de nom a contribué à la perception du cannabis comme une drogue exotique et dangereuse, alimentée par un climat de xénophobie grandissant.
Le rôle du racisme et des minorités dans la diabolisation du cannabis
La diabolisation du cannabis aux États-Unis a également une dimension raciale importante. Dans les années 1930, alors que la popularité de la plante augmentait parmi les communautés noires et latines, notamment dans le milieu du jazz, elle est devenue une cible facile. Des campagnes de désinformation, fondées sur des stéréotypes racistes, ont alimenté la peur que le cannabis rendait les hommes de couleur violents et menaçants pour les femmes blanches. Ces accusations infondées ont servi de justification à l’interdiction du cannabis en 1937, avec l’adoption de la Loi fiscale sur le cannabis.
Lois et répressions sur le cannabis au XXe siècle
Bien que le cannabis ait été rendu illégal en 1937, son usage récréatif n’a cessé de croître, notamment pendant les mouvements contre-culturels des années 1960. Dès les années 1970, plusieurs États avaient commencé à décriminaliser l’usage du cannabis, et même une commission fédérale, la Commission Shafer, a recommandé la décriminalisation à l’échelle nationale. Pourtant, ces recommandations ont été ignorées, et dans les décennies qui ont suivi, les lois contre le cannabis sont devenues encore plus sévères.
Sous la présidence de Reagan, les peines minimales obligatoires ont été réintroduites pour les infractions liées aux drogues, y compris le cannabis. Les lois fédérales traitaient même la possession de 100 plants de cannabis avec la même sévérité que 100 grammes d’héroïne. Ces sanctions ont été encore renforcées sous Bill Clinton, avec l’introduction de la règle des « trois fautes » en 1994, qui a aggravé la répression contre les petits délinquants liés à la drogue.
Conclusion : le cannabis aujourd’hui
Aujourd’hui, alors que de nombreux États américains ont légalisé le cannabis, la loi fédérale reste en retard. Des millions de personnes continuent de purger des peines de prison pour des infractions liées à une substance qui est désormais légale dans une grande partie des États-Unis. L’interdiction initiale du cannabis, fondée sur des peurs racistes et infondées, a laissé un héritage durable dans la politique américaine des drogues, qui continue d’impacter des milliers de vies.
Source : Grunge