Depuis plusieurs semaines, l’industrie du divertissement américaine est secouée par des accusations graves contre le célèbre rappeur et producteur P. Diddy (également connu sous les noms Puff Daddy, Diddy ou Sean Combs). Ce dernier est accusé d’agression sexuelle par plusieurs dizaines de victimes, dont certaines étaient mineures au moment des faits. Ce scandale rappelle tristement d’autres affaires médiatiques majeures, notamment celle d’Epstein, en raison de l’ampleur des abus présumés et de l’influence de la personne impliquée.
Qui est P. Diddy ?
Sean Combs, plus connu sous le nom de P. Diddy, est une figure emblématique de l’industrie musicale américaine. Né en 1969, il s’est fait connaître en tant que producteur et rappeur dans les années 1990 après avoir fondé son propre label, Bad Boy Records, en 1993. Ce label a permis de lancer la carrière de grands noms du rap américain, notamment Notorious B.I.G. En tant qu’artiste, P. Diddy a également connu le succès, avec notamment son titre « Can’t Nobody Hold Me Down » qui lui a valu un Grammy Award en 1997.
Au-delà de la musique, il est aussi un homme d’affaires influent, ayant investi dans des secteurs variés comme la mode, avec sa marque Sean John, ou encore l’industrie des boissons alcoolisées. En 2024, sa fortune est estimée à environ 360 millions d’euros. Cependant, sa carrière prolifique est aujourd’hui éclipsée par de multiples accusations d’abus sexuels et de violence.
Les premières accusations : l’affaire Cassie
Tout a commencé en novembre 2023 lorsque Cassie, chanteuse et ancienne compagne de P. Diddy, a accusé ce dernier de l’avoir violée en 2018 et de l’avoir forcée à participer à des pratiques sexuelles dégradantes et violentes pendant leur relation, qui a duré une décennie. Cassie a également révélé l’existence de ce qu’elle appelle les « freak offs », des soirées sexuelles qui pouvaient durer plusieurs heures, voire plusieurs jours.
Bien que cette plainte ait été résolue par un arrangement financier, elle a déclenché une vague de révélations de la part d’autres victimes, certaines affirmant avoir été violées et abusées par le producteur.
Une vague d’accusations qui grandit
Fin septembre 2024, la dixième plainte pour agression sexuelle a été déposée contre P. Diddy, suivie de beaucoup d’autres. Le producteur est accusé par les procureurs fédéraux de New York d’avoir utilisé son empire pour organiser un réseau de trafic sexuel. Les victimes auraient été forcées d’avoir des rapports sexuels avec des travailleurs du sexe sous la menace, la violence ou la contrainte.
Selon des documents judiciaires, certaines de ces agressions auraient eu lieu dès les années 1990. D’après les procureurs, les victimes étaient souvent droguées avec des substances comme l’ecstasy, le GHB ou encore la kétamine, avant de subir ces abus, qui étaient parfois filmés.
En septembre 2024, P. Diddy a été placé en détention provisoire dans l’attente de son procès. Le 17 septembre, de nouveaux rebondissements ont eu lieu lorsque 120 nouvelles victimes se sont manifestées, selon l’avocat Tony Buzbee. Parmi ces victimes, 25 étaient mineures au moment des faits.
Le cadre juridique
L’affaire s’inscrit dans un contexte juridique particulier aux États-Unis, où plusieurs lois récentes facilitent les dépôts de plainte pour des violences sexuelles passées. Parmi elles, l’Adult Survivor Act, entré en vigueur fin 2022 à New York, permet aux victimes de porter plainte pour des faits anciens même si les délais de prescription habituels sont dépassés. Grâce à cette législation, de nombreuses victimes d’abus sexuels ont pu briser le silence ces derniers mois.
De plus, une autre loi, le Victims of Gender-Motivated Violence Protection Law, mise en place en mars 2023, a instauré une période de deux ans durant laquelle les victimes peuvent signaler des faits de violences basées sur le genre, même si ceux-ci seraient autrement prescrits.
Un réseau tentaculaire ?
Outre P. Diddy, plusieurs membres de son entourage font également l’objet d’accusations. Des employés de l’artiste seraient impliqués dans certains abus, ayant contribué à l’organisation de viols collectifs. Des rumeurs circulent également sur la participation d’autres célébrités américaines à ces soirées sexuelles, bien que ces informations soient encore en cours de vérification dans le cadre de l’enquête.
Malgré tout, l’ampleur des témoignages semble indiquer que ces agissements auraient été couverts pendant de nombreuses années par un système de loi du silence, de menaces, voire d’achat du silence de certaines victimes.
La défense de P. Diddy
Au départ, P. Diddy et ses avocats ont nié catégoriquement toutes les accusations, affirmant que ces plaintes n’étaient qu’une « chasse aux sorcières » orchestrée dans le but de lui soutirer de l’argent. Cependant, face à la multiplication des accusations et à la saisie d’éléments troublants (comme la découverte de plus de 1000 bouteilles de lubrifiant chez lui lors d’une perquisition), le ton de sa défense a changé.
Aujourd’hui, P. Diddy se dit prêt à collaborer avec les autorités, bien que ses avocats aient vu leur demande de libération sous caution rejetée. Il reste donc en détention provisoire et encourt une peine allant de 15 ans de prison à la perpétuité.
Que retenir ?
Cette affaire, encore en pleine investigation, suscite de nombreuses réactions dans le monde du divertissement. Si les accusations s’avèrent fondées, elle pourrait avoir des répercussions profondes non seulement sur la carrière de P. Diddy, mais également sur l’industrie musicale américaine dans son ensemble, mettant en lumière des dynamiques d’abus de pouvoir et de silence complices qui perdurent depuis des décennies.
Source : HugoDécrypte