Environ 110 000 girafes arpentent encore l’Afrique, mais leur nombre a diminué de près de 40 % au cours des trois dernières décennies. Bien que souvent perçues comme abondantes, ces majestueux animaux sont en réalité confrontés à une menace silencieuse d’extinction. En 2016, une découverte controversée a révélé qu’il existe en fait quatre espèces distinctes de girafes, chacune divisée en plusieurs sous-espèces, ajoutant une nouvelle couche de complexité à leur conservation.
Jusqu’à récemment, les girafes étaient considérées comme appartenant à une seule espèce, Giraffa camelopardalis. Cependant, une analyse génétique a révélé l’existence de quatre espèces distinctes, chacune avec ses propres sous-espèces. Cette nouvelle classification rend la situation encore plus alarmante : selon cette répartition, toutes les girafes, sauf deux sous-espèces, sont désormais considérées comme vulnérables, en danger ou en danger critique d’extinction. La girafe du Niger, par exemple, est une espèce extrêmement rare que l’on ne trouve plus que dans la région de Kouré, au Niger.
La girafe du Niger, ou girafe d’Afrique de l’Ouest, a vu sa population passer de 49 individus en 1996 à plus de 600 aujourd’hui, grâce à des efforts de conservation significatifs. Cependant, ce succès est d’autant plus remarquable que le Niger est classé dernier sur 189 pays selon l’indice de développement humain des Nations unies. Malgré ce contexte, le pays a élaboré en 2011 une stratégie nationale de conservation des girafes, la première du genre en Afrique. Les autorités ont réussi à quasiment éliminer le braconnage, permettant ainsi à la population de croître.
Si certaines populations de girafes se portent bien, notamment en Afrique du Sud et en Namibie où les élevages privés ont presque doublé leur nombre, la situation est bien différente en Afrique de l’Est. Les girafes réticulées et les girafes masaï, en particulier, sont gravement menacées. Selon Arthur Muneza, coordinateur de la Fondation pour la préservation de la girafe (GCF) en Afrique de l’Est, les clôtures représentent un danger majeur pour ces girafes, plus encore que le braconnage. Incapables de sauter par-dessus les clôtures, ces animaux voient leurs habitats se fragmenter, réduisant ainsi leurs chances de survie.
La croissance démographique, le surpâturage du bétail et le changement climatique exacerbent les pressions sur les habitats naturels des girafes. Dans certaines régions comme l’Ouganda, la population de girafes de Nubie a diminué de 97 % en trois décennies, faisant de cette espèce l’un des mammifères les plus menacés du monde. Ces girafes subissent la double menace de la perte d’habitat et de l’expansion agricole, qui grignote progressivement les espaces sauvages dont elles dépendent.
Malgré les efforts de conservation, les girafes continuent de disparaître dans l’indifférence générale. Julian Fennessy, codirecteur de la GCF, parle d’une « extinction silencieuse ». Si le public est sensibilisé aux menaces pesant sur les éléphants et les grands singes, les girafes sont souvent perçues comme moins en danger. Pourtant, les chiffres montrent une réalité bien différente, avec seulement 110 000 individus restants sur le continent africain. Pour assurer leur survie, des actions de conservation ciblées et une prise de conscience globale sont indispensables.
La situation des girafes en Afrique est donc à la fois complexe et préoccupante, nécessitant des efforts constants pour prévenir une disparition irréversible.
Source: www.nationalgeographic.fr