Dans une récente interview avec Henri-Michel Thalamy, le financier, essayiste et fondateur de l’Institut des Libertés, Charles Gave, offre une analyse approfondie des enjeux économiques et politiques contemporains. Dans cette conversation, Gave aborde une multitude de sujets, allant de la souveraineté nationale à l’économie française, en passant par la gouvernance mondiale envisagée par ce qu’il nomme les « hommes de Davos ».
Qui sont les hommes de Davos ?
Charles Gave qualifie les « hommes de Davos » comme un groupe technocratique qui a absorbé la notion de globalisation et qui croit fermement en l’établissement d’une gouvernance mondiale. Pour ces individus, les nations sont perçues comme des vestiges du passé, une entrave à la résolution des grands problèmes contemporains.
Ces technocrates, souvent issus des mêmes écoles prestigieuses, comme Harvard, MIT, ou Sciences Po, et qui fréquentent les mêmes cercles sociaux, se voient comme une élite éclairée. Selon Gave, ils vivent dans un monde artificiel et éthéré, persuadés de leur supériorité intellectuelle et de leur mission divine de gouverner pour le bien commun, même contre la volonté générale.
La mainmise sur le logos
Pour Charles Gave, le contrôle du « logos » – c’est-à-dire le langage et la raison – est un instrument puissant pour les classes dirigeantes. Il explique que cette domination passe par une novlangue où les mots perdent leur sens originel pour une forme de totalitarisme mou.
Ce totalitarisme mou identifie et exclut les déviants à travers la dérision et l’exclusion sociale, faisant taire les voix dissidentes. Gave évoque que cette stratégie de destruction des grandes idées sous couvert de modernité étouffe les intellectuels et simplifie le discours public, appauvrissant ainsi le débat d’idées.
Des convergences idéologiques inquiétantes
Charles Gave voit dans les alliances entre l’extrême gauche et les hommes de Davos une convergence visant à réduire la population en esclavage. Il compare notamment cette dynamique à la coopération provisoire entre communistes et ayatollahs en Iran durant la révolution iranienne.
Selon Gave, cette coalition étrange entre deux idéologies apparemment opposées s’efforce de tuer la liberté en contrôlant les idées et en manipulant les masses à travers les médias qu’ils dominent.
L’état de l’économie française et les responsabilités politiques
Alors que la dette publique française s’élève à plus de 3000 milliards d’euros et que les déficits sont abyssaux, Gave met en lumière la responsabilité des gouvernements successifs dans la destruction de l’économie française. Il prédit une chute rapide et brutale du niveau de vie, affectant principalement les classes populaires comme les agriculteurs et les « Gilets Jaunes ».
Charles Gave est très critique à l’égard des actions de personnalités politiques comme Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, qu’il accuse d’avoir ruiné le pays. Il souligne que la création de nouvelles dettes pour financer les déficits va inexorablement conduire à une faillite financière.
Réindustrialisation et transition écologique
Malgré les annonces ambitieuses de réindustrialisation faites par Emmanuel Macron, Gave reste sceptique. Il relève que la rentabilité des entreprises françaises est tellement inférieure à celle de leurs homologues étrangères que toute tentative de réindustrialisation semble vaine sans une restructuration profonde des politiques fiscales et économiques.
De plus, les objectifs de décarbonisation ajoutent un autre niveau de complexité. Gave qualifie les panneaux solaires de « miroirs aux alouettes » et les éoliennes de « moulins à vent », estimant qu’elles ne peuvent pas fournir une solution énergétique durable.
La destruction volontaire d’EDF
Charles Gave parle également de la destruction programmée d’EDF, une entreprise autrefois symbole de l’indépendance énergétique de la France. Pour lui, l’indexation des prix de l’électricité française sur ceux du gaz allemand était une décision politique désastreuse prise pour plaire à l’Allemagne, au détriment de la souveraineté énergétique française.
Vérité et liberté
Enfin, Gave relie intimement la vérité et la liberté. Pour lui, la vérité doit être défendue contre les mensonges totalitaires qui asservissent. Il appelle à une résistance individuelle comme ce fut le cas avec Soljenitsyne contre l’URSS, insistant sur le fait que la capacité et la volonté de dire la vérité sont les piliers de la liberté véritable.
Charles Gave se veut optimiste, voyant dans l’effondrement imminent une opportunité de libération, même si cela se fait dans la douleur. Pour lui, il vaut mieux une fin brutale à une horreur sans fin, plaçant ainsi l’espoir dans les capacités de résilience et de renouveau de la société française.