Éric Verhaeghe, ancien haut fonctionnaire, entrepreneur et essayiste, avertit dans cette vidéo des conséquences potentiellement désastreuses si l’État récupérait l’argent des assurances-vie pour réduire la dette publique. M. Verhaeghe, fondateur du média Le Courrier des Stratèges, explique en détail les enjeux et les risques liés à cette question dans le contexte plus large de son ouvrage « Traité pour le monde d’après : sortir de l’avachissement par le retour à l’ordre spontané ».
Définition de l’ordre spontané et de l’avachissement
Éric Verhaeghe commence par définir les concepts centraux de son livre : l’ordre spontané et l’avachissement. Inspiré par Friedrich Hayek, un penseur de l’école autrichienne, il décrit l’ordre spontané comme un système où la société s’organise de manière horizontale, sans hiérarchie imposée, contrairement à une organisation verticale centralisée par l’État. Il compare cela à des limaille de fer qui s’organisent naturellement autour d’un aimant, au lieu d’être manipulées individuellement.
Concernant l’avachissement, Verhaeghe l’associe à une forme de servitude volontaire où les individus préfèrent la sécurité et la dépendance à l’État, plutôt que d’exercer leur liberté de manière autonome. Il relie ce concept à la “dialectique du maître et de l’esclave” de Hegel, suggérant que le besoin de domination et de critique des élites réside dans l’acceptation tacite de la servitude par les masses.
La militarisation de l’information
Verhaeghe met ensuite en avant la « militarisation de l’information » ou « weaponization of information », une théorie développée principalement par les États-Unis après la guerre du Vietnam. Cette approche privilégie le contrôle culturel et informatif des populations pour faire face aux insurrections, plutôt que les réponses militaires directes. Des techniques comme celles développées par Cambridge Analytica pour le micro-ciblage sur les réseaux sociaux illustrent ce phénomène moderne.
L’utilisation du « nudge »
Il explore également le concept de « nudge » introduit par Thaler et Sunstein en 2008. Cette théorie appelle l’État à utiliser des techniques similaires à la publicité pour influencer le comportement des citoyens sans légiférer de manière contraignante. Le passe sanitaire est cité comme exemple de nudge, où la vaccination est favorisée non par obligation légale, mais par la restriction de certaines libertés.
Un nouveau totalitarisme : moins violent, mais plus intrusif
L’essayiste souligne une nouvelle forme de totalitarisme qui repose moins sur la contrainte physique que sur l’adhésion et l’avachissement volontaire des masses. Il explique que ce totalitarisme moderne est plus intrusif dans la vie quotidienne des individus, exploite la peur et le désir de confort pour obtenir une soumission volontaire.
Euro numérique et crédit social à la chinoise
Verhaeghe avertit des dangers potentiels de l’euro numérique, qui pourrait permettre aux gouvernements de contrôler minutieusement les dépenses des citoyens. Inspiré du modèle chinois de crédit social, ce système pourrait limiter certains achats pour des raisons “écologiques” ou autres, contraignant ainsi davantage la liberté individuelle.
Instrumentalisation de l’écologie et remise en question de la propriété privée
Selon Verhaeghe, l’écologie est souvent utilisée comme prétexte pour remettre en cause le principe de la propriété privée. Il évoque le concept d’économie circulaire, qui favorise la location plutôt que l’achat, transformant les citoyens en locataires perpétuels de leurs propres biens pour réduire la consommation de ressources et, par extension, lutter contre la pollution.
La convergence des idées de la gauche et du Forum de Davos
Verhaeghe affirme que les idées de certaines factions de la gauche sociale convergent avec celles du Forum de Davos. Tous deux prônent un gouvernement fort avec de fortes interventions étatiques. Il critique cette unité apparente qui masque une vision partagée par les deux camps sur le besoin de gouvernance globale et de réduction des autonomies locales.
La dette publique française
La dette publique de la France, qui s’élève à environ 3200 milliards d’euros, est un sujet de préoccupation majeur pour Verhaeghe. Il met en garde contre la dépendance accrue à l’endettement public, soulignant que cette stratégie pourrait mener à un scénario de supervision par une Troïka ou le FMI, à la manière de la Grèce.
Risque de ponction sur l’épargne des Français
Concernant la possibilité que l’État pourrait puiser dans l’épargne des Français pour réduire la dette, Verhaeghe note que de tels scénarios sont déjà légiférés en cas de résolution de crise bancaire. Comparant cette situation à Chypre et au Liban, il soutient que c’est une option réaliste dans un futur proche.
Le capitalisme de connivence
Le capitalisme de connivence est décrit par Verhaeghe comme un système où les intérêts publics et privés s’entrelacent sous la direction d’une élite dirigeante, souvent au détriment de la majorité. Il fustige cette forme de capitalisme qui, selon lui, est aussi pernicieuse que le communisme dans sa manière de combler l’espace entre intérêts individuels et gouvernementaux par la régulation et le contrôle monétaire.
À travers son discours, Éric Verhaeghe prône fortement la redécouverte de la liberté individuelle et de la responsabilité personnelle, plaidant pour une société régie par l’ordre spontané plutôt que par une bureaucratie omniprésente. Ses analyses fournissent des perspectives critiques sur la manière dont l’État, en utilisant des outils modernes de contrôle et de manipulation, s’immisce de plus en plus dans la vie des citoyens.