La plupart des gens connaissent les pyramides comme des tombeaux majestueux construits pour les pharaons afin de leur assurer un voyage serein vers l’au-delà. Par exemple, la Grande Pyramide de Gizeh fut érigée pour le pharaon Khéops. Mais peu de gens savent que cette tendance à construire des pyramides a débuté avec la pyramide à degrés de Djéser, il y a environ 4700 ans. Ce monument impressionnant fut bâti pour le pharaon Djéser, un souverain de la troisième dynastie égyptienne.
Un projet architectural ambitieux
La pyramide à degrés de Djéser s’élève sur sept niveaux au-dessus du sol et atteint environ 60 mètres de hauteur. Aujourd’hui, on la considère comme une prouesse architecturale remarquable, mais pour les anciens Égyptiens, elle représentait davantage un vaste projet expérimental. C’était une sorte d’essai pour perfectionner leurs compétences de construction avant de se lancer dans des pyramides plus ambitieuses. Cependant, le véritable mystère de cette structure se trouve sous la surface. Sous cette pyramide se cache un labyrinthe souterrain composé de tunnels s’étendant sur environ 5,6 kilomètres.
Un réseau souterrain mystérieux
Certains chercheurs pensent que ces tunnels faisaient partie d’un système d’eau sophistiqué, une hypothèse qui pourrait révolutionner notre compréhension de la construction des pyramides. Ce complexe monumental est situé à Saqqarah et entouré d’une immense tranchée sèche appelée « modat », mesurant jusqu’à 50 mètres de large et presque 2 mètres de long. Cette tranchée forme une sorte de rectangle autour de la pyramide, avec une profondeur moyenne de 20 mètres.
Une tranchée énigmatique
Initialement, les archéologues pensaient que cette tranchée servait simplement de carrière, un endroit où les ouvriers extrayaient la pierre et l’argile nécessaires à la construction de la pyramide. Mais une analyse plus approfondie a révélé des incohérences : la tranchée est trop étroite et trop profonde pour avoir été un lieu d’extraction pratique. De plus, certaines sections sont couvertes d’un plafond rocheux, rendant toute opération de carrière quasiment impossible.
Une fonction spirituelle ou hydraulique?
Une autre théorie suppose que la tranchée aurait eu une fonction spirituelle, servant peut-être de lieu sacré où les âmes se rassemblaient pour servir le roi défunt dans l’au-delà. Des niches dans les parois soutiennent cette idée, bien que cette fonction spirituelle aurait été ajoutée bien après la construction initiale du complexe de Djéser. Cependant, en 2020, un chercheur a proposé une théorie fascinante : la tranchée aurait pu être conçue pour recueillir et gérer l’eau, surtout après les fortes pluies. Cette hypothèse semble plausible, car la zone où se situe la pyramide aurait facilement pu être inondée par l’eau de ruissellement provenant des plateaux environnants.
Un système hydraulique ingénieux
La tranchée semble être une partie d’un système hydraulique complexe dans le complexe de Djéser. Elle possède plusieurs compartiments soigneusement creusés dans la roche et reliés entre eux par des tunnels. Ces compartiments auraient probablement fait partie d’un système de traitement de l’eau, permettant à l’eau de passer d’un compartiment à l’autre tout en se purifiant au fur et à mesure.
Mais le plus intéressant réside dans la manière dont ce système pourrait être lié à la construction de la pyramide elle-même. Certains chercheurs pensent que l’eau provenant de la tranchée aurait pu alimenter un système de levage hydraulique. Ce mécanisme aurait permis de soulever les lourdes pierres nécessaires à la construction de la pyramide, fonctionnant comme une sorte d’ascenseur à eau.
Comment cela aurait-il fonctionné ?
L’idée est la suivante : un grand trou aurait été creusé au centre du chantier de la pyramide. À l’intérieur de ce trou, une immense plateforme en bois, semblable à un radeau, aurait pu monter et descendre en fonction du niveau d’eau. Lorsqu’il fallait soulever une pierre lourde, les travailleurs remplissaient ce trou d’eau, ce qui faisait flotter la plateforme et la pierre avec elle. Une fois la pierre à la bonne hauteur, elle était glissée sur la pyramide.
Ce système ingénieux aurait permis de déplacer les pierres beaucoup plus rapidement et efficacement, en réduisant le besoin de main-d’œuvre. Mais cette théorie, bien que séduisante, divise encore la communauté scientifique. Certains experts soutiennent qu’il n’y aurait pas eu assez d’eau, même avec des pluies occasionnelles, pour faire fonctionner un tel dispositif.
Un ancien lac oublié ?
Une autre hypothèse suggère qu’un lac aurait pu exister à proximité du complexe, et qu’il se serait rempli après les pluies, fournissant l’eau nécessaire au système hydraulique. Cependant, aucune trace de ce lac n’a été trouvée dans les écrits égyptiens anciens, ce qui en fait davantage une théorie spéculative qu’une réalité prouvée.
La force de la main-d’œuvre contre la technologie hydraulique
Par ailleurs, certains experts soulignent que la construction d’un tel dispositif hydraulique aurait demandé autant, sinon plus, d’efforts que de simplement déplacer les pierres avec de la main-d’œuvre humaine. Il faut également rappeler que les blocs utilisés pour la pyramide de Djéser pesaient en moyenne 300 kg, bien loin des blocs de 2500 kg utilisés plus tard pour la pyramide de Khéphren.
Si cette théorie du levage hydraulique est complètement écartée, il reste encore à expliquer comment la pyramide a été construite. On sait que le plan initial était de construire un mastaba, un tombeau traditionnel de l’époque. Mais au fur et à mesure, des couches supplémentaires furent ajoutées, formant finalement les six niveaux distincts de la pyramide à degrés que nous connaissons aujourd’hui. Les pierres auraient probablement été soulevées à l’aide de rampes.
Un mystère persistant
La pyramide de Djéser reste une énigme pour les chercheurs. Bien que de nombreuses théories existent, il reste encore beaucoup à découvrir pour comprendre pleinement les méthodes utilisées par les anciens Égyptiens pour construire ces monuments colossaux. Cependant, l’idée d’utiliser l’eau comme un outil de construction ajoute une nouvelle dimension fascinante à notre compréhension de l’ingénierie égyptienne antique.