Le 7 décembre 1978, le MS München, un navire de transport allemand, quitta le port de Bremerhaven en direction de Savannah, en Géorgie. Ce fut son 62e voyage à travers l’Atlantique Nord, une traversée pratiquement routinière pour l’équipage à bord. Cependant, il n’est jamais arrivé à destination et plus personne ne l’a jamais revu. Quelque chose d’énorme, de mortel, que l’on croyait se produire une fois tous les 10 000 ans, a emporté ce navire. Et horriblement, ce phénomène existe toujours aujourd’hui.
Le mystère de la disparition du MS München
Le MS München mesurait 261 mètres de long et transportait 83 conteneurs de fret et 28 membres d’équipage très expérimentés. À sa vitesse maximale de 33 km/h, le voyage de l’Allemagne aux États-Unis aurait dû prendre environ 11 jours. Une tempête violente faisait rage sur l’océan depuis novembre. Mais les exceptionnelles capacités de flottaison du München semblaient suffisantes pour continuer le voyage.
Le 12 décembre à 3h du matin, le bateau envoya un appel de détresse en morse. Seuls des fragments de l’appel furent reçus par les navires environnants, avant que le München ne devienne silencieux. En supposant le pire, les efforts de sauvetage commencèrent immédiatement. Plus de 100 navires et 16 avions ratissèrent la zone autour des dernières coordonnées connues du navire, jour et nuit, jusqu’à ce qu’un radeau de sauvetage vide soit retrouvé le 14 décembre. Les radeaux de sauvetage du München, normalement boulonnés à 20 mètres au-dessus de l’eau, avaient été arrachés par une force terrifiante.
La découverte des vagues scélérates
Les vagues scélérates, ou vagues anormales, étaient autrefois considérées comme des légendes maritimes. Les scientifiques étaient sceptiques quant à leur existence, car les modèles mathématiques de l’époque indiquaient qu’il était impossible pour une vague de dépasser 9 mètres de hauteur. Cependant, un événement survenu le jour de l’An 1995 changea tout.
Le 1er janvier 1995, la plateforme pétrolière Draupner dans la mer du Nord mesura une vague gigantesque de 26 mètres grâce à un laser pointé vers le bas. Cela dépassait de loin les estimations scientifiques et confirmait l’existence des vagues scélérates. Cette vague, nommée “vague de Draupner”, reste la plus grande vague scélérate mesurée à ce jour.
L’impact des vagues scélérates
Avec la preuve irréfutable des vagues scélérates, les chercheurs reconsidérèrent les rapports de navires disparus comme le MS München. Ils déterminèrent que ces vagues avaient probablement causé de nombreux naufrages et endommagé d’innombrables autres navires. Par exemple, en 2005, le navire de croisière Norwegian Dawn, transportant plus de 2200 passagers, fut frappé par une vague scélérate estimée à plus de 21 mètres de hauteur, endommageant le 10e pont et blessant quatre personnes.
Rien qu’entre 1980 et 2000, plus de 500 vies furent perdues et 22 superpétroliers furent endommagés à cause de ces vagues. Les scientifiques croyaient initialement que ces vagues étaient extrêmement rares, se produisant peut-être une fois tous les 10 000 ans. Cependant, des images satellites prises en 2001 par l’Agence spatiale européenne révélèrent plus de 10 vagues scélérates en seulement trois semaines.
Les vagues scélérates aujourd’hui
Aujourd’hui, bien que les scientifiques aient prouvé l’existence des vagues scélérates, leur formation et prévision restent encore un mystère. Les vagues scélérates sont souvent comparées aux tsunamis, bien que ces derniers soient causés par des événements tectoniques sous-marins et soient plus prévisibles. En revanche, les vagues scélérates apparaissent soudainement, même en mer calme.
Les scientifiques continuent de développer des systèmes de prévision pour ces vagues dévastatrices. Un programme appelé WAVEWATCH III peut prédire les conditions potentiellement dangereuses toutes les heures. Cependant, ces vagues peuvent se former en seulement 10 à 15 secondes, rendant la tâche extrêmement difficile.
D’autres vagues phénoménales
En dehors des vagues scélérates, d’autres phénomènes océaniques impressionnants existent. Par exemple, le lac Supérieur en Amérique du Nord est célèbre pour ses vagues « Three Sisters ». Ce phénomène implique trois vagues consécutives de grande hauteur, causant souvent des naufrages comme celui de l’Edmund Fitzgerald en 1975.
Un autre phénomène est la disparition de plages, comme celle de Dooagh en Irlande. En 1984, une tempête d’hiver emporta toute la plage de sable, et elle ne réapparut qu’en 2017 en raison d’une marée anormale. Malheureusement pour les insulaires, la plage disparut à nouveau en 2019, causant des pertes touristiques significatives.
Il existe aussi des vagues internes, qui se forment sous la surface de l’océan entre différentes couches d’eau de densité et de salinité variées. Ces vagues peuvent atteindre des hauteurs de 167 mètres, mais ne sont pas visibles en surface. Elles jouent néanmoins un rôle essentiel dans le transfert de chaleur et de nutriments à travers l’océan.
Enfin, il y a les vagues planétaires ou vagues de Rossby, des mouvements ondulatoires à une échelle énorme influençant les courants océaniques et atmosphériques. Celles-ci sont créées par la rotation de la Terre et peuvent prendre des années pour traverser l’océan. Leur influence est telle qu’elles peuvent modifier les conditions climatiques globales, mais elles restent invisibles à l’œil nu.
Ces phénomènes laissent suggérer que les vagues sont bien plus que des ondulations à la surface de l’eau, chacune ayant des implications profondes sur l’environnement et la navigation maritime.