Le 26 décembre 2022, Dmitri Medvedev, ancien président de la Fédération de Russie, avait publié sur Twitter une série de prévisions audacieuses pour 2023. Si certaines semblaient improbables, comme la sécession de la Californie ou la création d’un pays réunissant Texas et Mexique, d’autres étaient plus crédibles. Parmi elles, l’élection d’Elon Musk à la présidence des États-Unis. Deux ans plus tard, bien que Musk ne soit pas président, il s’apprête à jouer un rôle crucial dans l’administration américaine. Sa nomination annoncée par Donald Trump à la tête d’un ambitieux projet de réforme marque un tournant pour l’homme d’affaires et pour le pays.
Une mission historique : le « DOGE » d’Elon Musk
Donald Trump, récemment réélu, a annoncé la création d’un comité spécial, le DOGE (Department of Government Efficiency), dont la mission est de réduire la bureaucratie et de réaliser d’importantes économies pour le gouvernement fédéral. Ce comité, qualifié par Trump de « projet Manhattan du siècle », devra économiser 2000 milliards de dollars d’ici le 4 juillet 2026, date du 250e anniversaire des États-Unis.
Le DOGE, qui ne sera pas un ministère mais un organe consultatif rattaché à la Maison Blanche, a pour objectif de :
- démêler la bureaucratie gouvernementale,
- simplifier les réglementations jugées excessives,
- réduire les dépenses inutiles,
- restructurer les agences fédérales.
Pour diriger ce projet, Trump a nommé Elon Musk, accompagné d’un autre entrepreneur influent. Musk ne prendra officiellement ses fonctions qu’après l’investiture de Trump, prévue le 20 janvier, mais son rôle et ses prérogatives suscitent déjà d’intenses débats.
Elon Musk : entre révolutionnaire et figure controversée
Elon Musk n’est pas étranger aux défis monumentaux. Connu pour sa gestion impitoyable et sa quête d’efficacité, il a déjà bouleversé des secteurs entiers grâce à des innovations audacieuses avec Tesla, SpaceX ou encore Neuralink. Toutefois, son style managérial est loin de faire l’unanimité. L’exemple le plus marquant reste sa gestion de Twitter (devenu X). Dès son rachat, Musk a réduit drastiquement les effectifs, licenciant 6500 des 8000 employés, et imposé des conditions de travail qu’il a lui-même qualifiées de « hardcore ».
Ces méthodes seront probablement reproduites au sein du DOGE, avec des cibles déjà identifiées :
- le personnel fédéral, avec une prévision de 44 000 départs dès janvier (contre 4000 habituellement lors d’un changement de présidence),
- les dépenses liées aux programmes sociaux comme Medicaid (81 milliards de dollars) et Medicare (47 milliards),
- les subventions jugées abusives à certaines entreprises.
L’objectif global est de ramener les dépenses gouvernementales de 6500 milliards à 4500 milliards de dollars d’ici 2026, une tâche titanesque nécessitant des décisions drastiques.
Une alliance stratégique mais risquée avec Trump
Bien que leurs visions diffèrent sur certains points, Trump et Musk partagent des priorités communes, notamment une volonté de favoriser les entreprises et d’accélérer la domination technologique américaine. Ce partenariat pourrait permettre à Musk d’obtenir des soutiens importants pour ses projets, notamment dans les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle.
Cependant, l’alliance soulève des questions éthiques, notamment sur les conflits d’intérêts possibles, Musk étant à la tête d’entreprises qui pourraient bénéficier directement des réformes. Malgré cela, certains espèrent que sa présence influencera positivement la politique environnementale de Trump, souvent critiquée pour son scepticisme face à l’urgence climatique. Musk, fervent défenseur des énergies renouvelables, pourrait convaincre Trump que la transition énergétique est un moyen de surpasser la Chine technologiquement.
Un défi colossal aux limites incertaines
Le rôle d’Elon Musk dans le DOGE est ambitieux mais loin d’être garanti. Si le comité peut proposer des réformes, leur adoption dépendra largement du Congrès et des équilibres politiques. La mission devra également surmonter d’importants obstacles, notamment l’opposition des fonctionnaires, des syndicats et des défenseurs des programmes sociaux visés par les coupes budgétaires.
En parallèle, Musk reste fidèle à ses ambitions personnelles. Loin de viser la présidence américaine (à laquelle il ne peut prétendre en raison de sa naissance en Afrique du Sud), il continue de se concentrer sur ses projets technologiques et spatiaux, affirmant vouloir mourir sur Mars.
Un avenir incertain mais déterminant
La nomination de Musk au sein du DOGE représente une opportunité unique de tester son approche managériale à une échelle nationale. Elle pourrait également marquer un tournant dans l’histoire de l’administration américaine en mettant l’accent sur une efficacité sans compromis. Quelles que soient les opinions sur Musk, sa contribution aux réformes de l’État fédéral sera scrutée par ses partisans comme par ses détracteurs, tant aux États-Unis qu’à l’international.
Source : MoneyRadar