Les compagnies aériennes évitent souvent de survoler l’océan Pacifique. Vous pourriez penser que c’est une question de sécurité. Le Pacifique est le plus grand et le plus profond des océans du monde. Si un avion rencontre un problème au-dessus de ce vaste étendue d’eau, les pilotes auront beaucoup de mal à trouver un endroit sûr pour atterrir.
Il est vrai que les pilotes préfèrent maximiser le nombre d’aéroports le long de leur route pour des raisons de sécurité. Néanmoins, ce n’est pas la raison principale pour laquelle les compagnies aériennes évitent souvent un trajet direct d’est en ouest. Alors qu’est-ce qui motive cette décision?
Maximiser le nombre d’aéroports sur le trajet
Lors de la planification d’un trajet, les pilotes cherchent souvent à maximiser le nombre d’aéroports situés le long de leur route. Bien que les urgences soient extrêmement rares par rapport au nombre de vols qui décollent chaque jour, l’idée de perdre un moteur à 9 000 mètres d’altitude au-dessus du centre du Pacifique est stressante. Ainsi, avoir des aéroports à proximité peut être rassurant, tant pour les pilotes que pour les passagers.
Sauvegarder du temps et du carburant
En fin de compte, éviter de voler directement au-dessus du Pacifique revient à économiser du temps et du carburant. Les compagnies aériennes sont des entreprises dont les profits dépendent de la rapidité et du coût avec lesquels elles peuvent transporter les passagers entre les destinations. Les passagers, quant à eux, préfèrent arriver à leur destination le plus rapidement possible. C’est donc un gain pour les compagnies aériennes et les passagers.
La réalité des cartes en deux dimensions
Sur une carte en deux dimensions, les trajectoires de vol qui évitent le Pacifique peuvent sembler beaucoup plus longues. Cependant, la Terre étant une sphère, une ligne droite apparaît très différemment dans un espace tridimensionnel. La route la plus rapide est presque toujours celle qui est la plus proche d’une ligne droite lorsqu’elle est envisagée dans l’espace tridimensionnel.
Un autre facteur à prendre en compte est que la Terre n’est pas une sphère parfaite. En effet, notre planète est légèrement plus large à l’équateur. Cela est dû à la rotation de la Terre qui provoque un renflement à son centre, similaire à l’effet d’une toupie qui tourne rapidement. Cette différence de largeur signifie que voler en courbe vers les pôles est une distance plus courte que de voler « droit » au-dessus du Pacifique.
Vols et météo
Les avions s’aventurent parfois au-dessus des océans pour éviter les tempêtes. Bien que les avions puissent grimper au-dessus de certains types de conditions météorologiques sévères telles que les ouragans et les tempêtes tropicales, les orages, quant à eux, sont remarquablement difficiles à éviter. Les nuages d’orage peuvent atteindre des altitudes de plus de 18 000 mètres, dépassant souvent la capacité des avions à voler au-dessus d’eux. Par conséquent, il est conseillé aux pilotes de contourner ces orages pour éviter les turbulences sévères.
Il est extrêmement rare qu’un avion moderne soit abattu par des conditions météorologiques sévères, mais des turbulences suffisamment violentes peuvent causer des blessures aux passagers et à l’équipage, ainsi qu’endommager les objets à bord. Les vols au-dessus de l’eau offrent souvent un trajet plus doux car l’eau répartit la chaleur mieux que la terre, réduisant ainsi la turbulence causée par l’air chaud qui monte.
Les courants-jets
Les courants-jets sont un autre facteur majeur dans la détermination des itinéraires de vol. Ces courants d’air à haute altitude existent près du sommet de la troposphère, la couche la plus basse de l’atmosphère terrestre où se produisent la plupart des phénomènes météorologiques. La frontière entre la troposphère et la stratosphère, appelée tropopause, fluctue entre 6 et 20 km au-dessus de la surface de la Terre.
Ce changement d’altitude crée un tunnel de vent qui peut atteindre des vitesses de plus de 320 km/h, particulièrement en hiver lorsque la différence de température est la plus grande. Même les vitesses habituelles des courants-jets, entre 130 et 225 km/h, peuvent considérablement affecter la durée des vols.
Il y a quatre principaux courants-jets, deux dans chaque hémisphère, et grâce à la rotation de la Terre, ils circulent principalement d’ouest en est. Les avions peuvent gagner plusieurs heures en volant avec un courant-jet, mais voler à contre-courant peut ralentir considérablement le vol.
Les courants-jets comportent également des risques, notamment un type de turbulence appelé turbulence en air clair, qui se produit aux bords des courants. Cette turbulence est presque impossible à prévoir et surtout plus intense que les turbulences ordinaires. Malgré la rareté des accidents liés aux turbulences, ils sont possibles.
Les vols au-dessus du Pacifique sont-ils vraiment évités ?
Malgré ces précautions, les avions survolent parfois le Pacifique pour certaines raisons, comme éviter les perturbations météorologiques ou prendre des routes plus directes lorsque cela s’avère économiquement et sécuritairement viable. Cependant, la combinaison des facteurs de sécurité, de temps, de coût, de turbulence et de courants-jets influence majoritairement les itinéraires de vol des avions, les conduisant souvent à contourner cette vaste étendue d’eau.