La Chine est en train de réaliser un projet de forage extrêmement ambitieux dans le désert de Taklimakan, situé dans le bassin du Tarim. Le puits, nommé Shenditaké 1, devrait atteindre une profondeur impressionnante de 11 100 mètres une fois les travaux achevés, en faisant le puits le plus profond d’Asie et le deuxième plus profond au monde.
Comparaison avec le mont Everest et la fosse des Mariannes
Le projet est tellement colossal que même le mont Everest, avec ses 8849 mètres d’altitude, pourrait s’y insérer entièrement. Pour mieux visualiser l’ampleur de cette réalisation, imaginez que l’on empile 37 fois la hauteur de la tour Eiffel dans ce puits. En comparaison, il sera également plus profond que la fosse des Mariannes, qui est le point le plus profond de l’océan.
Objectifs scientifiques du forage
Ce forage permettra d’atteindre la couche crétacée de la croûte terrestre, soit des roches vieilles de 145 millions d’années. Cette période remonte à une époque où les pôles n’étaient pas couverts de glace et où des dinosaures tels que le diplodocus et le stégosaure parcouraient la Terre. L’accès à ces roches anciennes offre une opportunité inédite aux scientifiques chinois pour étudier les premiers âges de la Terre et en apprendre davantage sur son histoire géologique.
Les défis techniques du projet
Le forage du puits Shenditaké 1 a débuté le 30 mai 2023. En moins d’un an, il a traversé 13 strates géologiques. Plus de 1000 tiges de forage ont été enfoncées dans le sol, et plus de 20 trépans (outils de coupe utilisés pour forer) ont été utilisés. Ces équipements sont soumis à des conditions extrêmement difficiles, chaque couche de roche nécessitant des ajustements constants du matériel.
En raison de la profondeur prévue, le projet rencontre des défis uniques. Une tour d’acier de 20 étages a été érigée pour soutenir l’équipement, qui pèse au total près de 2000 tonnes. Forer un puits à une telle profondeur expose les machines à des températures dépassant les 200°C et à des pressions de plus de 130 mégapascals, des conditions exigeant un matériel adapté à ces environnements extrêmes.
Comparaison avec d’autres forages profonds
Bien que ce projet soit remarquable, il n’est pas le premier du genre. Le puits de forage de Kola, en Russie, reste à ce jour le puits le plus profond jamais foré, atteignant 12 262 mètres après 20 ans de travail. Cependant, ce record pourrait bientôt être battu, car la Chine prévoit de finaliser son projet en un temps record de 457 jours. Cette prouesse est rendue possible grâce aux avancées technologiques des dernières décennies.
Découvertes potentielles et enjeux commerciaux
Les forages profonds comme celui-ci permettent de découvrir des éléments précieux tels que de l’eau, de l’hydrogène ou encore des fossiles microscopiques. Les scientifiques espèrent également accéder à des ressources énergétiques profondément enfouies, telles que des réserves de pétrole et de gaz. En effet, la Chine s’intéresse fortement à l’indépendance énergétique, un sujet que le président Xi Jinping a identifié comme une priorité pour la sécurité nationale.
Les défis à venir et la course à la découverte du manteau terrestre
Après avoir atteint les 10 000 mètres, le forage entrera dans une phase encore plus complexe, car peu d’informations existent sur les conditions à cette profondeur. En effet, des tentatives de forage au-delà de cette limite ont souvent échoué en raison des températures élevées et de la nature changeante des roches. Ces projets sont particulièrement coûteux et techniquement exigeants, comme l’a montré l’échec de tentatives similaires aux États-Unis ou en Russie.
Un autre projet international prévoit de forer jusqu’au manteau terrestre, un exploit encore jamais réalisé. Ce projet vise à utiliser des technologies de pointe, notamment le navire de forage japonais Chikyu, pour franchir cette frontière ultime et apporter des connaissances inédites sur la formation des planètes.
Conclusion : une avancée scientifique et stratégique pour la Chine
En résumé, ce projet de forage profond est d’une importance scientifique et stratégique considérable pour la Chine. Il permettrait non seulement de mieux comprendre la structure interne de la Terre, mais aussi de répondre à des besoins énergétiques essentiels. Si les défis sont immenses, les bénéfices potentiels pourraient s’avérer tout aussi importants, tant sur le plan des connaissances que des ressources naturelles.
Source : WATOP