Le canal de Panama : une solution rapide et sûre
Aujourd’hui, de nombreux navires qui souhaitent passer de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique empruntent le canal de Panama. Ce passage est rapide et sûr, offrant une alternative aux anciennes routes maritimes, mais avant son ouverture en 1914, les bateaux étaient obligés de traverser le passage de Drake, une des voies maritimes les plus dangereuses au monde.
Le passage de Drake, large d’environ 800 km et long de 1000 km, présente des profondeurs impressionnantes de près de 3400 mètres. Ce bras de mer, séparant l’Amérique du Sud de l’Antarctique, est tristement célèbre pour avoir englouti plus de 8 800 navires et coûté la vie à environ 20 000 personnes. Les tempêtes, les vagues gigantesques et les courants imprévisibles y créent un environnement particulièrement hostile.
La traversée périlleuse du passage de Drake
La traversée de ce passage peut durer environ 48 heures, mais ces deux jours semblent interminables pour les marins et passagers. Certains disent se sentir comme « une chaussette trempée dans une machine à laver pendant 36 heures ». Même les plus robustes des marins souffrent souvent de mal de mer, et les passagers des bateaux de croisière doivent parfois utiliser des sacs à vomi placés un peu partout à bord.
Les vagues peuvent rendre impossible toute activité quotidienne : les plats et verres glissent sur les tables, et même en utilisant des tapis antidérapants, il faut huit mains pour manger. De plus, la sécurité devient une priorité absolue : les objets doivent être solidement attachés, et les passagers s’accrochent aux rampes pour pouvoir se déplacer sur le navire.
Le mystère des vagues scélérates
Outre les tempêtes et les vents violents, une autre menace existe dans ces eaux tumultueuses : les vagues scélérates. Ces vagues géantes, pouvant atteindre jusqu’à 20 mètres de hauteur, apparaissent soudainement et sans prévenir. La formation de ces vagues reste encore largement inexpliquée, bien que les scientifiques pensent qu’elles résultent de la fusion de plus petites vagues.
En 2022, une vague scélérate a frappé un navire de croisière en route vers l’Argentine, causant la mort d’une personne et en blessant plusieurs autres. Cet incident illustre le danger constant auquel les navires sont confrontés lors de la traversée du passage de Drake.
Un lieu mythique et dangereux
Le passage de Drake tire son nom du célèbre explorateur britannique Francis Drake, qui, bien qu’il n’ait pas été le premier à traverser cette voie, a involontairement découvert qu’il existait une mer ouverte au sud de l’Amérique du Sud en 1578.
Ce passage maritime est devenu une des raisons pour lesquelles l’Antarctique est restée inaccessible aux humains jusqu’au 19ème siècle. Les conditions météorologiques extrêmes, les vagues gigantesques, et l’absence de terres pour freiner les vents rendent cette traversée presque impossible.
Le courant circumpolaire antarctique
L’une des particularités du passage de Drake est qu’il est traversé par le courant circumpolaire antarctique, le courant océanique le plus puissant du monde. Ce courant entoure l’Antarctique, transportant plus de 130 millions de mètres cubes d’eau par seconde, soit 100 fois plus que le débit cumulé de tous les fleuves de la planète. Ce courant contribue à rendre les eaux du passage de Drake si turbulentes.
La combinaison de ces courants puissants, des vents violents et des vagues immenses fait du passage de Drake l’une des voies maritimes les plus dangereuses au monde, même pour les navires modernes équipés de stabilisateurs et de technologies avancées.
La légende du Jenny
Selon une vieille légende maritime, un navire nommé Jenny a été aperçu gelé dans les glaces du passage de Drake au début du 19ème siècle. En 1840, un autre navire, le Hope, aurait découvert l’équipage du Jenny figé dans la glace, parfaitement préservé par le froid polaire.
Bien que cette histoire relève probablement du folklore, elle illustre les dangers inhérents à la navigation dans cette région, où les navires peuvent être pris au piège par les conditions climatiques extrêmes.
Les exploits contemporains face aux défis du passage
Malgré les progrès technologiques, le passage de Drake continue de représenter un défi pour les marins du monde entier. En 2019, un groupe d’athlètes a réussi l’exploit de traverser le passage à la rame, parcourant les 1000 km séparant l’Amérique du Sud de l’Antarctique en 12 jours.
En 2022, la nageuse chilienne Barbara Hernandez, surnommée la « sirène des glaces », a établi un record en traversant une portion du passage de Drake à la nage en seulement 15 minutes.
Ces exploits modernes montrent que, même si le passage reste redoutable, il est possible de surmonter ses dangers avec détermination et endurance.
Le rôle du passage dans la régulation du climat
En plus de ses dangers immédiats, le passage de Drake joue un rôle essentiel dans la régulation du climat global. Il agit comme une barrière qui empêche l’air chaud de l’hémisphère nord de pénétrer en Antarctique, maintenant ainsi la température de ce continent à des niveaux très bas. Sans cette barrière naturelle, les glaces de l’Antarctique fondraient rapidement, provoquant une élévation dramatique du niveau des mers.
Ainsi, en dépit de sa réputation redoutable, le passage de Drake est un élément clé dans la préservation de l’équilibre climatique de notre planète.
Source : WATOP