Communiquer avec les enfants n’est pas toujours facile, surtout lorsqu’il s’agit de les amener à écouter sans crier ni s’énerver. Des psychothérapeutes comme Isabelle Filliozat recommandent des phrases qui favorisent l’écoute et la coopération en reconnaissant les émotions des enfants et en exprimant les attentes de manière positive. Voici 20 phrases à privilégier, ainsi que des alternatives aux expressions courantes souvent contre-productives.
Phrases à utiliser pour favoriser l’écoute
1 « Ne fais pas ça ! » devient « J’aimerais que tu fasses ceci ou cela » ou « Ce serait super si tu pouvais faire ça » ou encore « Tu me rendrais un super service si tu faisais ça ».
2 « Arrête de pleurer, de crier, de râler ! Ne fais pas le bébé ! » devient « Je vois que tu as de la peine / que tu es énervé / que tu es fatigué… Ne t’inquiète pas, je suis là pour t’aider. »
3 « Je suis occupé » devient « J’ai entendu ton message et je serai heureux de jouer avec toi dès que j’aurai terminé cette tâche importante ».
4 « Dépêche-toi » devient « Hier, tu t’es habillé en 45 secondes. Ça m’a impressionné ! Tu penses pouvoir battre ton record aujourd’hui ? ».
5 « Tu es têtu » devient « Tu m’aiderais beaucoup si… ».
6 « Tu ne m’écoutes jamais » devient « Tu préfères faire comme-ci ou comme ça ? ».
7 « Pas étonnant que tu aies de mauvaises notes, tu ne travailles pas assez » devient « Je vois que tu as progressé dans cette matière. Ton travail et tes efforts ont été payants. Continue comme ça et tu réussiras aussi dans les autres matières. Ce n’est qu’une question de temps. Comment je peux t’aider pour atteindre cet objectif ? »
8 « Arrêtez de vous disputer ! » devient « Je vous fais confiance pour trouver une solution qui vous convient à tous les deux » ou encore « Proposez deux solutions chacun et entendez-vous sur celle que vous préférez le plus tous les deux ».
9 « N’aie pas peur ! » ou « Allez, ne fais pas ton bébé, vas-y » devient « Moi aussi ça me fait un peu peur… Et si on essayait de comprendre pourquoi on a peur et ce qu’on peut faire pour ne plus avoir peur ? »
10 « Prête tes jouets » devient « C’est difficile de partager ses jouets ? Ne t’inquiète pas, c’est un sentiment tout à fait normal. Ce n’est peut-être pas le bon moment. Dis-moi quand tu seras prêt à les partager. »
11 « Ne sois pas jaloux de ton petit frère » devient « Je constate que c’est difficile pour toi de supporter ton petit frère. Tu es peut-être en colère contre lui. Sache que tu n’es pas obligé de l’aimer. Mais je suis sûr que lui est très fier d’avoir un grand frère comme toi. » « N’oublie pas que je t’aime et je suis fier de toi. » « Est-ce que tu veux qu’on passe plus de temps ensemble ? Qu’on joue tous les deux ? »
12 « Qu’est-ce que tu es maladroit ! » devient « Tu as renversé ton verre d’eau ? Comment vas-tu faire pour réparer ton erreur ? De quoi as-tu besoin pour essuyer l’eau. »
13 « Ce n’est pas grave, pas la peine d’en faire tout un plat ! » devient « Je constate que tu es bouleversé. Je vois que tu as de la peine. Est-ce que tu peux donner une note à ta peine de 1 à 10 ? » Ou alors : « Montre-moi où tu as mal. Entre 1 et 10, quel est le niveau de ta douleur ? On va voir ce qu’on peut faire pour la soulager ».
14 « Qui a fait ça ? » devient « Comment réparer ça ? ».
15 « Pourquoi tu fais toujours n’importe quoi ? » devient « Tu as commis une erreur. Ça arrive à tout le monde. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas compris ? Est-ce que je peux t’expliquer quelque chose ou répéter cette règle ? »
16 « Tu es nul ! » devient « Tu n’as pas réussi pour l’instant. As-tu des idées pour faire différemment ? Est-ce que tu dois faire plus d’efforts ou y a-t-il une autre façon de faire ? De quoi as-tu besoin pour avancer ? »
17 « Range ta chambre ! » devient « J’apprécierais que tu ranges ta chambre. » ou « Souhaites-tu commencer par ton bureau ou ton étagère ? » ou bien « Je commence à ranger avec toi. »
18 « Tu n’es pas curieux. Tu ne t’intéresses à rien. » devient « J’aime bien te regarder quand tu apprends ou quand tu lis. » ou « J’aime bien ce mélange de couleurs ou ce paysage. Et toi comment trouves-tu ces couleurs ? Que penses-tu de ce paysage ? »
19 « Éteins la TV tout de suite ! » devient « Ton émission paraît intéressante. Et si on l’enregistrait pour la regarder ensemble plus tard ? » Ou « Je suis d’accord pour que tu regardes la TV pendant 25 minutes puis nous passerons à table. Je te préviendrai 5 min de manger. » Ou encore « À moins que tu ne préfères lire ta BD ou dessiner pendant ces 25 minutes ? »
20 « Arrête de mentir ! » devient « On peut mentir pour protéger une personne qu’on aime ou pour se protéger. Mais dans les deux cas, il vaut mieux chercher une solution ensemble plutôt que de cacher les problèmes. On gagne du temps ! Alors on commence ? »
Conseils pour une communication bienveillante
Pour instaurer un dialogue positif et renforcer la confiance en soi des enfants, il est utile de :
- Décrire la situation sans juger pour aider l’enfant à reconnaître ses émotions.
- Encourager le dialogue avec des mots de soutien et d’écoute active.
- Se mettre à la hauteur de l’enfant pour établir un contact visuel et apaiser la situation.
- Prendre le temps de respirer et de se calmer avant de parler.
- Être pleinement présent dans l’instant, sans distractions.
- Éviter les jugements définitifs et les comparaisons avec d’autres.
- Proposer des choix pour responsabiliser l’enfant.
- Laisser l’enfant accomplir des tâches adaptées à son âge pour favoriser l’autonomie.
Ces principes de communication positive, inspirés de la pédagogie bienveillante, sont efficaces pour les tout-petits, les enfants plus grands et les adolescents. Pour approfondir, le livre Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent de Kimberely Ann Coe et Adele Faber est une excellente ressource.
Conclusion
Adopter ces phrases et conseils de communication bienveillante peut grandement améliorer la coopération des enfants et renforcer leur confiance en eux. En privilégiant l’écoute et l’empathie, il est possible de créer un environnement familial harmonieux où chacun se sent compris et respecté.