La cryogénisation, ou conservation par le froid, est un domaine fascinant qui suscite à la fois espoir et scepticisme. Dans une vidéo YouTube, l’auteur nous emmène dans une visite de la société Alcor, une entreprise pionnière dans ce domaine située à Phœnix, Arizona. Le concept de cryogénisation, qui consiste à « mettre en pause » le corps humain grâce au froid afin de le ramener à la vie dans le futur, soulève de nombreuses questions sur ses possibilités et ses limites actuelles.
Cryogénisation : un rêve de science-fiction devenu réalité
La cryogénisation, souvent popularisée par des films et œuvres de science-fiction comme Hibernatus ou Forever Young, intrigue par l’idée de suspendre la vie pour une période indéfinie. Cependant, contrairement aux représentations dans les œuvres de fiction, la cryogénisation dans le monde réel exige que la personne soit déjà décédée avant d’entamer le processus. Pour l’instant, il est impossible de se faire cryogéniser vivant, et toute tentative de se faire euthanasier dans ce but reste illégale dans la plupart des pays. En revanche, dans le cas de maladies incurables, certains patients peuvent choisir de se faire euthanasier près des centres de cryogénisation pour faciliter le processus.
Le processus de cryogénisation
Pour qu’une cryogénisation réussisse, la rapidité est essentielle. Une fois que la personne est déclarée cliniquement morte, le corps doit être préparé et refroidi rapidement pour éviter toute dégradation des tissus, notamment du cerveau. La procédure commence par l’oxygénation artificielle et le maintien de la circulation sanguine par une machine, afin de garder le cerveau en bon état. Ensuite, le corps est refroidi à 10°C en utilisant environ 40 kilogrammes de glace, avant que le sang ne soit remplacé par un liquide cryoprotecteur, conçu pour prévenir la formation de cristaux de glace qui pourraient endommager les cellules.
Le refroidissement se poursuit lentement, atteignant progressivement -196°C, température à laquelle le corps est plongé dans de l’azote liquide pour une conservation à long terme. Cette procédure, appelée vitrification, permet de minimiser les dommages cellulaires qui se produiraient si le corps était simplement congelé.
Alcor : un leader mondial de la cryogénisation
Alcor, fondée en 1972 par Fred et Linda Chamberlain, est une organisation à but non lucratif qui s’est spécialisée dans la cryogénisation de corps et de cerveaux humains. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 200 personnes congelées, ainsi que des animaux de compagnie. Les corps sont stockés dans des réservoirs d’azote liquide, pouvant contenir entre 4 et 12 corps selon la taille. Les têtes, dans le cas de ceux qui choisissent l’option neuro (seulement la préservation du cerveau), sont conservées sur des étagères séparées.
Parmi les personnes cryogénisées chez Alcor, certaines ont consenti à ce que leur identité soit connue publiquement. On y trouve notamment le cas émouvant d’une petite fille de 3 ans, atteinte d’une tumeur cérébrale, qui est à ce jour la plus jeune personne cryogénisée dans le monde. Alcor a également servi d’inspiration pour des documentaires, notamment un réalisé par Netflix.
Coût et accessibilité
La cryogénisation reste un processus coûteux, avec des prix avoisinant 220 000 dollars pour la conservation du corps entier et environ 80 000 dollars pour l’option neuro. Les frais incluent le processus de préservation ainsi que le stockage à long terme. Pour rendre ces services plus accessibles, de nombreux clients d’Alcor souscrivent une assurance-vie qui couvre les coûts le moment venu.
Les entreprises comme Alcor n’offrent cependant aucune garantie de réanimation. Il s’agit plutôt d’un pari scientifique, basé sur l’hypothèse que des technologies futures permettront de réparer les dommages corporels causés par la mort et de restaurer pleinement les fonctions vitales. Le directeur scientifique de l’entreprise explique que leur rôle est de préserver les corps en attente de ces avancées, tout en collectant et étudiant des cerveaux pour la recherche.
Les défis et l’avenir de la cryogénisation
Les sceptiques soulèvent de nombreux doutes quant à la faisabilité de la réanimation après une cryogénisation, notamment en ce qui concerne la capacité de réparer les dommages causés par la mort, comme les cancers ou les attaques cérébrales. Les chercheurs, quant à eux, s’attellent à résoudre plusieurs défis techniques, tels que la réchauffe uniforme des tissus sans les endommager, et la réparation des causes initiales de décès.
Bien que la cryogénisation puisse sembler être un rêve lointain, elle attire un nombre croissant de personnes désireuses d’explorer les frontières de la vie et de la mort. Comme le souligne Doctor Éric Malbos, psychiatre et spécialiste en cryogénisation, ce n’est pas tant une question de garantir une résurrection, mais plutôt d’offrir une chance, même minime, de prolonger l’existence. Pour certains, cette mince possibilité est suffisante pour justifier l’investissement dans la cryogénisation.
Conclusion
La cryogénisation est une technologie de pointe qui, bien qu’elle en soit encore à ses balbutiements, suscite un immense intérêt. Les recherches dans ce domaine pourraient non seulement changer la manière dont nous concevons la mort, mais aussi ouvrir de nouvelles voies dans des domaines comme la préservation des organes pour les greffes. Alcor, avec ses 50 ans d’expérience, continue de jouer un rôle clé dans cette quête de l’immortalité, tout en soulevant des questions philosophiques et éthiques sur le sens même de la vie.