Vous allumez un briquet, maintenez sa flamme devant votre visage et allumez un joint. Une odeur boisée bien connue remplit la pièce et s’échappe par la fenêtre. Vous inhalez profondément, sentant la chaleur envahir vos poumons. Mais que se passe-t-il ensuite ? Ces petites bouffées de fumée ont des effets bien plus profonds qu’il n’y paraît. Quels sont les composants du cannabis et ce qu’ils provoquent dans le corps et l’esprit humain ? Regardons cela de plus près.
Composition chimique du cannabis
Le cannabis, originaire d’Asie centrale et méridionale, est aujourd’hui cultivé mondialement. On estime qu’il existe plus de 700 souches de cannabis sur le marché, et ce nombre ne cesse de croître. L’identification de la souche est simple si on achète dans un dispensaire légal, mais cela devient délicat dans les zones où la marijuana est encore illégale.
Ingrédients actifs : CBD et THC
Les deux ingrédients actifs les plus connus du cannabis sont le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC). Le CBD est réputé pour ses vertus médicinales, ayant des effets calmants sur les personnes anxieuses et étant à l’étude pour traiter la psychose, les troubles du sommeil, la spasticité musculaire, parmi d’autres. À noter, le CBD ne provoque pas de high, bien qu’il soit psychoactif, c’est-à-dire qu’il modifie l’état mental pour rendre plus calme et apaisé.
Le THC, en revanche, est le principal responsable des effets psychoactifs du cannabis. Présent en plus grande quantité que le CBD, le THC a un effet puissant sur le cerveau, offrant entre autres des sensations de lenteur, de perception amplifiée et parfois de paranoïa.
Effets de l’inhalation de THC et CBD
Quand on fume du cannabis, la fumée contenant du THC et du CBD pénètre dans les poumons, provoquant souvent une toux irritante. Les alvéoles pulmonaires – ces petites poches d’air dans les poumons – transfèrent rapidement le THC dans le sang, qui atteint ensuite le cerveau et d’autres parties du corps.
Impact sur le cerveau
Le THC et le CBD se lient à divers récepteurs dans le cerveau. La consommation de cannabis affecte notamment l’amygdale (responsable de l’anxiété et des réponses émotionnelles), le ganglion basal (contrôle moteur), le néocortex (traitement des informations sensorielles) et le cervelet (coordination motrice).
Les effets peuvent inclure des réflexes retardés, une diminution de la vitesse de traitement de l’information, et un ralentissement des fonctions motrices et de la parole. Conduire sous l’influence du cannabis est dangereux, augmentant les risques d’accidents mortels. À titre d’exemple, une étude au Royaume-Uni montre que les accidents mortels sont 1,65 fois plus probables chez les consommateurs de cannabis, et au Canada jusqu’à quatre fois plus.
Les « munchies » et la perception amplifiée
L’une des sensations courantes chez les consommateurs de cannabis est l’augmentation de l’appétit, souvent appelée « munchies ». Le THC stimule également les sensations, rendant les couleurs plus vives, les sons plus forts et la musique plus riche. Cependant, malgré cette stimulation, les réflexes et la vitesse de traitement des informations restent ralentis.
Longueur et méthode de consommation
La méthode de consommation influence la durée et l’intensité du high. Fumer ou vapoter produit un effet rapide mais éphémère (environ 3 heures), tandis que les aliments (comme les brownies ou cookies) mettent plus de temps à agir mais produisent un high plus long, parfois jusqu’à 24 heures.
Études et variabilité des effets
Étudier les effets du cannabis est complexe à cause des variations entre souches, méthodes de consommation et individus. Par exemple, une étude large peut montrer des tendances mais ne peut pas isoler toutes les variables spécifiques. Un même taux de THC peut causer de l’anxiété chez une personne et du calme chez une autre.
Dangers potentiels et consommation responsable
En substance, fumer du cannabis occasionnellement ne présente pas de grands risques pour la majorité des individus, hormis certaines activités comme conduire immédiatement après la consommation. La situation devient plus complexe concernant la légalisation mondiale et l’impact culturel et politique de cette question.
Histoire de la consommation de cannabis
Les premières utilisations documentées du cannabis remontent à 2800 av. J.-C. en Chine, où il était utilisé à des fins médicinales. Au fil du temps, différents peuples ont célébré ses vertus thérapeutiques pour des problématiques variées telles que l’inflammation, la dépression et même l’asthme.
La prohibition en Europe et aux États-Unis
Au 19ème siècle, l’isolation chimique et médicale du cannabis a été explorée en Europe et aux États-Unis, aboutissant à la production de médicaments. Cependant, des préoccupations liées à la régulation et à la fraude ont conduit à des interdictions croissantes. Aux États-Unis, la « guerre contre la drogue » a été amplifiée sous la présidence de Nixon en 1971. De même, en Europe, l’augmentation de l’usage récréatif et les préoccupations sanitaires ont entraîné l’adoption de législations strictes.
Mythes et réalités
De nombreux mythes entourent le cannabis, tels que des liens exagérés avec la psychose, l’idée qu’il soit une « drogue d’entrée » vers des substances plus dures ou qu’il soit hautement addictif. Il est avéré que les traumatismes et abus durant l’enfance sont des déclencheurs bien plus puissants de dépendance aux drogues dures.
Psychose et cannabis
Concernant la psychose, il existe un débat scientifique avec des preuves des deux côtés. Si certains consommateurs lourds montrent des signes de psychose, il n’a pas été prouvé que le cannabis en soit la cause directe. Il pourrait plutôt accélérer des troubles préexistants comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.
Dépendance et addiction
La consommation régulière peut entraîner une dépendance, similaire à celle causée par la caféine. Bien que des symptômes de sevrage puissent survenir (irritabilité, troubles du sommeil), ils sont généralement temporaires. Pour les plus jeunes, dont le cerveau est encore en développement, le risque d’addiction à long terme est plus élevé s’ils consomment régulièrement.
Le cannabis, à l’image de la vie, est complexe. Il n’y a pas de réponses simples à toutes les questions. Ce qui est important, c’est d’examiner le tableau d’ensemble. Fumer du cannabis de façon responsable et en connaissance de cause peut minimiser les risques, mais il est clair qu’il ne faut pas sous-estimer ses effets.