Spinoza est l’un des philosophes les plus intrigants du XVIIe siècle. Son système philosophique, vaste et complexe, cherche à expliquer la totalité de ce qui est, sous les termes « Dieu » ou « la nature ». Cette approche moniste signifie qu’il n’y a pas de distinction fondamentale entre le corps et l’esprit, contrairement à la vision dualiste de Descartes.
Spinoza : Un penseur révolutionnaire
Spinoza, un juif portugais émigré aux Pays-Bas, est célèbre pour ses positions révolutionnaires pour l’époque, notamment en matière de religion, qui lui valurent son excommunication de la communauté juive et même une tentative d’assassinat. Son œuvre principale, Éthique, fut publiée deux ans après sa mort en 1677, par crainte de persécutions pendant sa vie.
Dualisme de Descartes vs Monisme de Spinoza
Descartes, un dualiste, sépare distinctement la matière (étendue) et l’esprit (pensée). Spinoza, quant à lui, propose une vision moniste où le corps et l’esprit sont deux attributs d’une même substance : Dieu ou la nature. Cette idée s’illustre par l’exemple du cannabis qui altère à la fois les capacités psychiques et physiques, montrant ainsi l’interdépendance de ces deux dimensions.
La métaphore du parallélisme
Pour bien saisir ce monisme, Spinoza évoque un parallélisme entre le corps et l’esprit. Une altération physique entraîne une altération psychique et vice-versa, comme lorsque l’on fume du cannabis et que cela affecte notre corps et notre esprit simultanément.
La vision de la liberté selon Spinoza
Spinoza défie la conception de Descartes sur le libre arbitre. Chez Descartes, le libre arbitre est le décret de l’âme, une capacité de se déterminer indépendamment des influences extérieures. Pour Spinoza, cette liberté est une illusion car elle repose sur une méconnaissance de la relation de cause à effet qui régit nos désirs et nos actions.
Le déterminisme et l’illusion du libre arbitre
Spinoza propose que ce que nous percevons comme des choix libres sont en réalité des résultats de chaînes causales. Il se sert de la métaphore de la pierre lancée pour illustrer cela : si une pierre, douée de conscience, croyait qu’elle choisit sa trajectoire, elle se tromperait lourdement. De même, nous croyons être les auteurs de nos actes, alors que nous ne faisons que suivre les impulsions de désirs et d’affects sur lesquels nous n’avons pas de contrôle.
Raison et libération des passions
Pour Spinoza, ce qui nous libère des passions et affections vient de l’extérieur, c’est la raison. L’objectif de son Éthique est de nous montrer comment utiliser la raison pour transcender ces passions et accéder à une véritable liberté. Cette liberté ne consiste pas à être indépendant de toutes déterminations mais à comprendre et accepter ces déterminations.
La compréhension rationnelle : un chemin vers la liberté
La raison permet de comprendre que nos émotions, comme l’inquiétude ou la peur, naissent de notre ignorance des causes des événements. Par exemple, la peur pour un conjoint en retard devient irrationnelle lorsque l’on considère toutes les possibles raisons banales de son retard. En développant cette compréhension, on dissout les passions au profit de la joie, un état d’acceptation rationnelle du réel.
L’action dans la joie
La vraie liberté est alors d’agir en pleine compréhension des causes et effets. Aquí, Spinoza se montre proche des stoïciens, pour qui la sagesse consiste à accepter ce qui ne dépend pas de nous et à ne chercher à agir que sur ce qui est en notre pouvoir. La rationalité libère des passions, apportant une joie stable et durable.
Par conséquent, chez Spinoza, la liberté existe bel et bien mais elle réside dans la compréhension et l’acceptation des lois naturelles. Cette conception peut sembler paradoxale mais elle propose une approche harmonieuse et éclairée de l’existence humaine.
Sources et lectures complémentaires :
- Spinoza – Éthique
- Spinoza – Traité de la réforme de l’entendement
- Spinoza – Traité politique
- Spinoza – Traité théologico-politique
- Illustration : Instagram
Source : Le Précepteur