Dans une conversation profonde entre l’auteur et guide spirituel Sadhguru et l’animateur Tom Bilyeu, de nombreuses clés sont livrées pour comprendre la nature humaine, la gestion de la souffrance, et l’activation du potentiel intérieur. À travers des anecdotes, des réflexions et des conseils issus de la tradition yogique, Sadhguru éclaire, avec clarté et humour, ce qui différencie une vie pleinement vécue d’une vie subie par la contrainte et l’habitude.
La souffrance : une création de l’esprit
Sadhguru distingue avec nuance la douleur physique, qui sert de mécanisme de préservation, et la souffrance, qui relève du mental. Selon lui, « ce n’est pas la vie que nous souffrons, mais nos facultés les plus extraordinaires : la mémoire et l’imagination ». L’être humain a en effet la capacité unique de revivre intensément des souvenirs douloureux ou d’anticiper des épreuves futures, multipliant ainsi la souffrance bien au-delà de l’événement initial.
Il explique que la plupart des gens ressassent des événements passés ou s’angoissent pour l’avenir, incapables de se libérer de ces cycles mentaux, ce qui les empêche de vivre pleinement l’instant présent.
Le potentiel humain : une trajectoire sans plafond
Pour Sadhguru, chaque forme de vie aspire à se réaliser pleinement selon sa nature. Mais alors que les animaux sont limités par deux lignes tracées par la nature, l’homme n’a, lui, qu’une « ligne de base » : il peut évoluer sans limite supérieure, à condition d’en avoir le désir et le courage. La vie humaine devient ainsi une trajectoire ouverte, où la seule contrainte réelle est le temps qui s’écoule pour tous de façon inexorable.
La différence majeure réside dans la gestion de son énergie. En intensifiant et canalisant son énergie, il est possible d’accomplir en une année ce que d’autres mettraient dix ans à réaliser, laissant ainsi une empreinte qui donne l’impression d’avoir vécu mille ans, tant l’impact est grand.
La conscience comme clé de l’efficacité
Selon Sadhguru, la majorité des gens voient leur temps absorbé par la simple maintenance de leur existence ou par des cycles compulsifs (pensées, émotions, comportements répétitifs). Il affirme : « Vous êtes votre plus grand obstacle ». Le véritable potentiel s’exprime lorsque le corps, l’esprit, les émotions et l’énergie deviennent des instruments maîtrisés, et non des entraves.
Sortir des cycles compulsifs
La compulsion, loin d’être un défaut, est inhérente à la nature physique de l’univers : atomes, planètes, galaxies évoluent tous en cycles. Mais l’humain est censé se servir de cette base cyclique comme d’un socle, non s’y enfermer. Pour dépasser la compulsion, il faut cultiver une attention consciente et s’observer soi-même avec acuité, plutôt que de voir uniquement les défauts des autres.
L’éducation, la liberté et l’intelligence intrinsèque
Sadhguru remet en question la façon dont les enfants sont « élevés ». Selon lui, « on élève le bétail, mais on cultive un être humain ». Imposer à un enfant l’identification à la famille, à une religion ou à des conceptions nationales limite son potentiel et étouffe son intelligence intrinsèque. Il encourage à offrir amour, espace et soutien, afin de permettre à chaque individu de révéler sa singularité, au lieu de chercher à en faire une copie conforme de ses parents ou de la société.
Le danger des croyances et des conclusions
Adopter des croyances ou tirer des conclusions définitives est, selon Sadhguru, une forme de « mort par tranches ». Il illustre que plus on accumule de conclusions, moins on est vivant, car on ferme des portes à la découverte. Il rappelle que même la science ne connaît pas la totalité d’un atome ou de la matière, et qu’il vaut mieux rester dans une posture d’ouverture et de recherche, plutôt que de se satisfaire de quelques « pièces du puzzle ».
Il distingue ainsi les « croyants », qui se rassemblent en groupes, des « chercheurs », qui avancent seuls, mus par l’intelligence naturelle de l’humain qui cherche spontanément à comprendre le monde lorsqu’on ne lui inculque pas de dogmes.
La responsabilité : capacité de réponse
Pour Sadhguru, la responsabilité n’est rien d’autre que « la capacité de répondre ». Il invite chacun à décider s’il souhaite conserver cette faculté d’agir face à toute circonstance, ou la céder à autrui ou à des circonstances extérieures. Cette prise de responsabilité est fondamentale pour ne plus être victime de la vie, mais en devenir l’acteur conscient.
L’ouverture, secret de la vitalité
La vie est définie par l’ouverture, la mort par la fermeture. Sadhguru illustre ce propos en montrant que même la respiration, processus vital, implique l’ouverture à l’air des autres. Refuser cette ouverture, c’est se condamner à une mort progressive. Il met en garde contre les mécanismes de rejet ou de sélectivité, qui rétrécissent le champ de l’expérience et mènent à une forme de « mort par petits bouts ».
La source de l’expérience humaine : tout vient de l’intérieur
Un point central du message de Sadhguru est que toutes nos expériences – joie, souffrance, plaisir, douleur – prennent naissance en nous. Si l’on croit que sa souffrance dépend des autres, aucune solution n’existe, car il suffirait qu’une personne nous croise pour nous rendre malheureux. Comprendre que notre expérience est entièrement de notre fait est le premier pas vers la liberté intérieure et le choix délibéré de la joie.
Ce principe rejoint l’essence du karma, souvent mal comprise : il s’agit simplement de reconnaître que ce qui se passe en nous est à 100 % notre création, même si nous ne contrôlons pas tous les événements extérieurs.
Développer une attention sans discrimination
Un exercice proposé consiste à se concentrer, durant de longues minutes, sur un élément dénué d’importance personnelle, comme l’écoulement d’un robinet. Cette attention sans discrimination – qui ne fait pas de hiérarchie entre « important » et « pas important » – ouvre à une perception élargie de l’existence. Sadhguru insiste : « Plus vous restreignez votre attention à quelques objets ou personnes, plus vous fermez votre vie ».
Pain et souffrance : préserver ou se perdre
La douleur physique protège, mais la souffrance mentale résulte des mécanismes du mental exacerbés. Sadhguru évoque les dérives modernes – dépression, anxiété, suicide, particulièrement chez les jeunes – comme la conséquence d’une société focalisée sur la compétition et la réussite. Il met en garde contre l’utilisation des enfants comme « chevaux de course », rappelant que la vraie réussite consiste en une vie agréable et épanouie à l’intérieur de soi.
Il ajoute que le confort matériel n’a jamais été aussi grand dans l’histoire de l’humanité, mais que le bien-être intérieur en souffre, comme en témoigne la consommation massive de médicaments dans les pays riches.
L’ingénierie intérieure : une technologie pour l’épanouissement
Sadhguru affirme que, tout comme la science apporte confort matériel, il existe une technologie intérieure (qu’il nomme « ingénierie intérieure ») pour accéder au bien-être profond. Cette approche, déclinée en programmes progressifs, vise à amener chacun à prendre en main son expérience intérieure, garantissant ainsi la possibilité d’une vie joyeuse, quelles que soient les circonstances extérieures.
Pour lui, le contenu de la vie compte moins que le contexte dans lequel on la vit : « C’est la qualité de l’être, et non l’accumulation de connaissances ou de possessions, qui rend une vie remarquable ».
Source : Tom Bilyeu