Dans les vastes étendues arides du désert de Gobi, une légende persiste depuis des générations : celle du ver mortel mongol, surnommé le Mongolian Death Worm. Décrit comme une créature longue, rougeâtre et visqueuse, ce monstre serait capable de cracher du venin corrosif, voire de projeter des décharges électriques sur ses victimes. Les habitants de la région racontent qu’il se cache sous le sable et ne fait surface que pour attaquer sa proie, alimentant ainsi les récits mystérieux et fascinant aventuriers comme scientifiques.
Les premières expéditions à la recherche du ver mortel
En juillet 1990, quatre explorateurs tchèques décidèrent de partir à la poursuite de ce monstre énigmatique. Arrivés en Mongolie, ils s’équipèrent de véhicules tout-terrain et firent appel à des guides locaux pour les épauler dans leur quête. Selon les témoignages, la créature mesurerait jusqu’à 1,80 mètre de long, serait capable de cracher de l’acide au pouvoir destructeur et produirait de l’électricité pour se défendre. Les locaux affirment que le ver passe le plus clair de son temps enfoui sous les dunes, mais qu’il sort pendant les mois humides de juin et juillet, période idéale pour tenter de l’observer.
Pour attirer le monstre, l’équipe conçut une machine générant des vibrations rythmiques, espérant le faire sortir du sol. Durant deux mois, ils sillonnèrent le désert, fouillant dunes et plaines rocailleuses, mais ne trouvèrent aucune trace tangible de la créature. Ivan McCurley, chef de l’expédition, retourna sur place à plusieurs reprises, utilisant tour à tour des explosions et un avion léger pour localiser le fameux ver, sans succès.
Des expéditions internationales et des témoignages variés
Au fil des années, des équipes venues d’Amérique, de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Zélande organisèrent des expéditions similaires, mais toutes restèrent bredouilles. Le premier contact occidental avec la légende date de 1926, grâce au paléontologue américain Roy Chapman Andrews. Inspirant possiblement le personnage d’Indiana Jones, il rapporta dans ses écrits des descriptions détaillées de la créature recueillies auprès de chefs mongols, bien qu’aucun d’eux n’en eût été témoin direct. L’un la décrivait comme une saucisse d’environ 60 centimètres de long, sans tête ni pattes, d’une telle toxicité que le simple contact pouvait être fatal.
En mai 2005, quatre chasseurs de monstres britanniques tentèrent leur chance. Ils réalisèrent des croquis du ver et firent distribuer des prospectus dans tout le désert, offrant une récompense à quiconque pourrait fournir des informations ou un spécimen. Certains locaux leur suggérèrent que la créature appréciait les zones humides, alors ils élaborèrent un plan pour créer des mares artificielles, mais la tâche s’avéra trop complexe. Leur initiative se solda par un échec, bien qu’ils aient recueilli de nombreux récits fascinants sur des créatures étranges observées depuis plus de 70 ans.
Des descriptions multiples et des hypothèses scientifiques
D’un récit à l’autre, les descriptions du monstre divergent : parfois d’une trentaine de centimètres, parfois aussi grand qu’un humain, il peut être blanc, gris, écailleux, brun ou rouge vif, et ressemble tour à tour à un serpent, une chenille ou même une créature ailée. Certains vont jusqu’à lui prêter des pouvoirs surnaturels. Cette diversité d’histoires et l’absence de preuves concrètes laissent penser que le ver mortel pourrait n’être qu’un mythe, ou bien une créature classée parmi les cryptides, à l’image du Yéti ou du monstre du Loch Ness, dont l’existence demeure non prouvée.
En 1983, un scientifique entendit parler d’un vieil homme ayant capturé le mystérieux ver. Se rendant sur place, il explora un terrier et découvrit un serpent fouisseur de grande taille, non venimeux, aux yeux minuscules et à la peau gris-brun. Lorsqu’il montra l’animal aux habitants, tous affirmèrent qu’il s’agissait bien du monstre légendaire.
La tradition et le vocabulaire mongols
Dans la langue mongole, le terme utilisé pour désigner le monstre ne correspond pas forcément à un ver au sens strict. Il s’agit d’un mot employé depuis des siècles pour englober tout animal jugé dangereux, notamment les serpents, même inoffensifs. Ainsi, il est probable que la créature décrite soit plus proche du serpent ou du lézard sans pattes que du ver mou et spongieux. Cependant, aucune espèce connue de la région n’est capable de cracher de l’acide ou de produire de l’électricité. Certains serpents, comme les cobras, peuvent toutefois projeter du venin, un danger réel pour l’homme.
Si la créature existait réellement, on s’attendrait à retrouver des traces osseuses ou des restes, ce qui n’a jamais été le cas malgré la richesse du désert de Gobi en fossiles. En effet, plus de 80 groupes de dinosaures ont été identifiés dans la région au cours du dernier siècle, depuis la découverte des premiers nids d’œufs fossilisés qui a révolutionné la connaissance des dinosaures et prouvé qu’ils pondaient des œufs. De nombreux spécimens sont aujourd’hui exposés au Musée américain d’histoire naturelle.
Les sables chantants du désert de Gobi
Le désert de Gobi recèle un autre phénomène mystérieux, qui fut consigné dès le XIIIe siècle par le célèbre voyageur Marco Polo. Ayant traversé la région, il raconta avoir entendu des sons étranges, comparables à ceux d’instruments de musique ou de tambours. Il attribua ces bruits à des esprits, mais il s’agissait en réalité des « sables chantants » ou « sables retentissants ». Contrairement au crissement du sable sous les pas, ces sons puissants évoquent une mélodie profonde et envoûtante.
Toutes les dunes ne produisent pas ces sons. Les scientifiques ont découvert que, pour qu’une dune chante, plusieurs conditions doivent être réunies : des grains de sable d’une forme particulière, une dune de grande taille et un sable très sec. Sous la surface, une couche dure de sable compacté agit comme un haut-parleur géant, amplifiant les vibrations et produisant cette mélodie fascinante qui emplit l’air du désert.
Le mystère du ver mortel du désert de Gobi reste entier, alimentant toujours la curiosité et l’imagination, tandis que la beauté naturelle et les phénomènes uniques du désert continuent de captiver chercheurs et voyageurs.
Source : BRIGHT SIDE