La Chine est depuis des décennies considérée comme le pays le plus peuplé au monde, affichant officiellement une population de 1,4 milliard d’habitants. Mais de plus en plus d’analystes et de données indépendantes remettent en question cette affirmation. Des incohérences, des fuites de données et des indicateurs indirects suggèrent qu’une part importante de la population chinoise aurait disparu ou n’aurait peut-être jamais existé. Comment expliquer ces disparitions de masse, et quelles en sont les conséquences potentielles sur la scène mondiale ?
Le mythe originel de la démographie chinoise
Le premier recensement chinois, en 1953, faisait état de 582 millions d’habitants. Depuis, la croissance démographique a été constante, jusqu’à atteindre, selon les chiffres officiels, 1,4 milliard de personnes. Mais cette suprématie démographique repose-t-elle sur des fondations solides ? Dès 2017, le chercheur chinois Yi Fuxian, de l’université du Wisconsin, a émis des doutes. En croisant les données sur la natalité, la vaccination infantile et les inscriptions scolaires, il estimait déjà que la Chine n’avait jamais réellement atteint 1,4 milliard de personnes, mais plutôt autour de 1,28 milliard. Un écart de 130 millions d’individus, équivalant à la population du Japon, mais qui ne serait qu’un début.
Yi Fuxian s’est appuyé sur l’évolution du taux de fécondité. Alors qu’il était de sept enfants par femme dans les années 1960, il est tombé à 1,1 en 2024, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations. Pourtant, les chiffres officiels ont continué à afficher une croissance démographique, ce qui a éveillé les soupçons de l’expert. Pour vérifier, il a analysé la distribution des vaccins BCG, administrés à chaque nouveau-né. En 2010, 12 millions de doses ont été distribuées pour 14 millions de naissances, une cohérence apparente. Mais entre 2018 et 2020, le nombre de doses chute de moitié, tandis que la natalité officielle reste inchangée, révélant une contradiction flagrante.
Comparaisons internationales et manipulations statistiques
En comparant la Chine à l’Inde, deuxième pays le plus peuplé, on constate que le taux de fécondité indien est resté supérieur ces dernières décennies. Pourtant, il a fallu attendre 2023 pour que l’ONU annonce que l’Inde dépassait la Chine en population, car les projections se basent sur des modèles et non sur des recensements fiables. Cette situation suggère que les autorités chinoises ajustent leurs statistiques depuis longtemps pour masquer une stagnation, voire un déclin, de la population.
La pandémie de Covid-19 : catalyseur de la disparition silencieuse
La gestion officielle de la pandémie en Chine laisse perplexe. Selon le gouvernement, entre 2020 et 2022, seuls 5000 décès liés au Covid-19 auraient été enregistrés chaque année, puis 60 000 après la fin de la politique « zéro Covid ». Le bilan total serait donc inférieur à 100 000 morts, alors que les États-Unis, cinq fois moins peuplés, dépassaient largement le million de décès. Pourtant, des images de crématoriums débordés et de files de corbillards contredisent cette version.
Dans la province du Xinjiang, par exemple, Reuters a rapporté une hausse des crémations de 100 000 à 171 000 en un seul trimestre — soit plus de 71 000 morts supplémentaires en trois mois. S’appuyant sur des témoignages anonymes d’analystes démographiques et de professionnels du funéraire, certains avancent que le nombre de décès mensuels aurait été multiplié par dix durant les trois premières années de la pandémie, atteignant 7 millions par mois. Sur trois ans, cela représenterait plus de 200 millions de décès liés au Covid-19.
Des éléments viennent étayer ces hypothèses : un document interne de la Commission nationale de la santé chinoise évoquait, fin décembre 2022, 248 millions de contaminations en seulement vingt jours. Une étude de l’université de Washington, parue dans la revue JAMA, estime qu’en deux mois, la Chine aurait connu environ 2 millions de morts supplémentaires, loin des chiffres officiels.
Indices indirects : téléphonie mobile, consommation de sel et logement
Au premier trimestre 2020, la Chine a perdu 21 millions d’abonnés mobiles, selon les trois principaux opérateurs du pays. Cette baisse correspond étrangement au nombre estimé de décès sur la même période. S’ajoute à cela la fuite massive de données en 2022, où des hackers ont mis en vente un fichier extrait des serveurs de la police de Shanghai, contenant les informations d’environ un milliard de citoyens — loin du chiffre officiel. Ce fichier, basé sur le système de livret de résidence obligatoire « hukou », aurait dû répertorier l’ensemble de la population.
D’autres indicateurs objectifs confirment le déclin : la consommation de sel, universelle dans l’alimentation, baisse de 27 % à Pékin en dix ans et de 33 % dans d’autres régions, selon des chercheurs japonais. Cela suggère une population réelle comprise entre 800 et 900 millions d’habitants. Enfin, le phénomène des villes fantômes — quartiers entiers récemment construits mais quasi vides — touche 65 à 80 millions de logements, l’équivalent du parc résidentiel français. Cette surproduction immobilière s’expliquerait non seulement par des erreurs de projection économique, mais aussi par une surestimation massive de la population réelle.
Mobilité et mouvements de population en chute libre
Le mouvement de la population, mesuré notamment lors du Nouvel An chinois, constitue un baromètre démographique fiable. En 2019, on recensait 3 milliards de trajets durant cette période, contre seulement 1,5 milliard en 2023 — soit une division par deux. Cette baisse spectaculaire est cohérente avec l’hypothèse d’une population bien inférieure à 1,4 milliard.
Conséquences mondiales et vulnérabilités
Si l’on additionne l’ensemble de ces éléments — fuites de données, baisse de la consommation, déclin de la mobilité, disparition d’abonnés téléphoniques et multiplication des logements vides —, tout converge vers une estimation de la population réelle située entre 700 millions et 1 milliard d’individus, soit jusqu’à 500 millions de moins que les chiffres officiels.
Un tel écart représenterait un séisme pour l’économie mondiale. La stratégie économique, les chaînes d’approvisionnement et les projections de croissance reposent sur le mythe d’un marché intérieur géant. Si ce chiffre s’effondre, la domination industrielle de la Chine et les perspectives de croissance mondiale vacillent. Cette manipulation des chiffres rappelle les pratiques d’autres régimes autoritaires, où les statistiques servent d’outils de propagande plutôt que de données objectives.
Selon le reportage, le chiffre de 1,4 milliard d’habitants, brandi par Pékin, serait devenu une arme de pouvoir et de façade, masquant une vulnérabilité profonde. Cette réalité constituerait non seulement un scandale statistique, mais également une faille géopolitique majeure, pouvant remettre en cause l’équilibre économique global.
Source : NTD France