Il existe un problème majeur qui menace notre avenir, mais contrairement aux guerres ou au changement climatique, il ne fait pas la une des journaux. Pourtant, il pourrait représenter une menace plus grave que ces deux fléaux réunis : l’humanité a cessé de faire des bébés.
Ce phénomène a commencé lentement mais s’accélère désormais à un rythme effrayant. Si nous n’y prenons garde, il pourrait causer notre perte.
Les chiffres alarmants de la natalité mondiale
Certes, la population mondiale continue d’augmenter, atteignant actuellement 8,2 milliards d’habitants avec une projection de 10 milliards d’ici 2050. Mais cette vision globale cache une réalité préoccupante révélée par les taux de fertilité par pays.
En 1950, les populations étaient en plein essor : aux États-Unis, les femmes avaient en moyenne 3 enfants chacune, 3,5 au Canada et un peu plus de 2 au Royaume-Uni. En Irak, le taux atteignait 8 enfants par femme. Mais depuis la seconde moitié du 20ème siècle, les taux de natalité ont chuté de manière vertigineuse, surtout dans les pays développés.
Aujourd’hui, les chiffres sont dramatiques : 1,6 aux États-Unis, 1,5 au Royaume-Uni et en Australie. D’autres pays européens affichent des performances encore plus faibles : 1,4 au Portugal, en Grèce et en Finlande, tandis que l’Italie et l’Espagne ferment la marche avec 1,3. L’année dernière, l’Italie a déclaré l’état d’urgence nationale après avoir enregistré seulement 400 000 naissances.
Le phénomène des « enfants de substitution »
Cette tendance se manifeste concrètement dans le comportement des jeunes adultes qui préfèrent adopter des animaux de compagnie plutôt que d’avoir des enfants. Le pape François a d’ailleurs abordé ce sujet depuis le balcon du Vatican, déclarant : « Nous voyons une forme d’égoïsme. Certaines personnes ne veulent pas avoir d’enfant, parfois elles en ont un et c’est tout, mais elles ont des chiens et des chats qui prennent la place des enfants. Cette pratique est un déni de la paternité et de la maternité et nous diminue, nous retire notre humanité. »
La Corée du Sud : laboratoire d’une catastrophe démographique
Pour comprendre les conséquences dramatiques de cette crise, examinons la Corée du Sud, qui détient le record mondial du plus bas taux de natalité avec 0,67 enfant par femme en 2024. Ce pays illustre parfaitement le futur dystopique qui attend le reste du monde développé.
Une économie sous pression
La population sud-coréenne vieillit rapidement. L’âge moyen est passé de 20 ans dans les années 1970 à 45 ans aujourd’hui. D’ici 2050, environ 50% de la population aura plus de 65 ans, faisant de la Corée du Sud le pays le plus âgé au monde.
Cette évolution provoque une pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie manufacturière, pilier du miracle économique sud-coréen. Samsung, qui représente 22% du PIB national, et Hyundai (11%) peinent déjà à recruter de jeunes travailleurs qualifiés.
L’effondrement des zones rurales
À travers la campagne coréenne, un phénomène désolant se répand : des villes et villages entiers se vident. Dans le comté de Gyeong, au sud du pays, la population a dramatiquement diminué. Plus de 3 800 écoles ont fermé depuis 1982 faute d’élèves suffisants. Certaines écoles construites pour des centaines d’enfants n’accueillent plus qu’une dizaine d’élèves.
118 villes et villages du pays risquent actuellement de disparaître complètement. Cette désertification force les jeunes à migrer vers Séoul, où vivent déjà 26 millions d’habitants (50% de la population nationale), provoquant une flambée des prix immobiliers qui rend encore plus difficile la création d’une famille.
Une culture du travail destructrice
En 2013, la Corée du Sud détenait le record des heures de travail les plus longues parmi les pays développés, avec 2 070 heures par an contre 1 700 aux États-Unis. Cette culture du travail intense ne laisse aucun temps pour la vie personnelle, poussant beaucoup à reporter ou abandonner leurs projets de mariage et de parenté.
Les conséquences sont dramatiques : la Corée du Sud occupe le quatrième rang mondial pour les taux de suicide. Une génération entière, appelée « génération sampo », a renoncé aux rencontres, au mariage et aux enfants. Une enquête de 2022 révèle que 65% des jeunes femmes sud-coréennes ne veulent pas d’enfants.
L’échec des incitations gouvernementales
Face à cette crise, le gouvernement a investi 280 000 milliards de wons (environ 210 milliards de dollars) en programmes d’encouragement à la natalité : primes en espèces, allocations mensuelles, congés parentaux étendus et incitations au logement. Certaines entreprises, comme le groupe de construction Booyoung, versent même l’équivalent de 60 000 livres sterling à leurs employés qui ont un bébé.
Résultat : le taux de fertilité continue de chuter chaque année, passant de 0,7 en 2021 à 0,67 aujourd’hui.
Le lien entre développement et déclin démographique
Karan Singh, ancien ministre indien, avait prédit en 1974 que « le développement est le meilleur contraceptif ». Cette affirmation s’avère prophétique quand on compare les cartes mondiales du développement humain et des taux de fertilité : elles sont quasiment identiques. Les nations les moins développées ont les taux de natalité les plus élevés, et inversement.
Les quatre causes principales du déclin
L’alimentation industrielle
Dans les pays développés, l’alimentation s’est massivement tournée vers les produits ultra-transformés. Aux États-Unis, ils représentent 70% de l’alimentation moyenne. Une étude de 2014 montre que les hommes consommant régulièrement de la viande transformée ont un nombre de spermatozoïdes inférieur de 23%, tandis que ceux qui mangent du poisson frais en ont jusqu’à 65% de plus.
Chez les femmes, ces aliments perturbent le système endocrinien, causant des déséquilibres hormonaux et une fertilité réduite.
La sécularisation
Au Royaume-Uni, moins de 50% de la population s’identifie désormais comme chrétienne, une première historique. Cette tendance à la sécularisation est mondiale. En Suède, seulement 18% des gens considèrent la religion comme importante. Or, toutes les religions encouragent traditionnellement les grandes familles et découragent parfois la contraception.
La pression économique
36% des moins de 50 ans déclarent ne pas pouvoir financièrement élever un enfant. Le coût d’un enfant jusqu’à 18 ans est estimé à 200 000 livres (260 000 dollars), sans compter l’université. Depuis 1973, malgré une productivité croissante, les salaires stagnent tandis que l’inflation continue. Le ratio prix immobilier/revenus atteint 5 aux États-Unis et 8,3 au Royaume-Uni.
L’individualisme moderne
Internet et les réseaux sociaux ont favorisé un mode de vie plus individualiste, privilégiant l’épanouissement personnel, les carrières et les loisirs aux étapes traditionnelles comme le mariage et la parenté. Même au Japon, société traditionnellement collectiviste, 70% des hommes célibataires et 60% des femmes célibataires de 18 à 34 ans ne sont pas en couple.
Les conséquences à long terme
Contrairement aux prédictions alarmistes des années 1960-70 sur la surpopulation, qui ne se sont pas matérialisées grâce aux progrès technologiques, le déclin démographique pose des défis inédits. La population mondiale devrait culminer à 10 milliards d’habitants en 2086 avant de décliner rapidement.
Le Japon, dont la population décline depuis 2010, devrait passer de 125 millions d’habitants aujourd’hui à 75 millions en 2100. Les projections pour d’autres pays développés sont similaires : sans immigration, la population américaine passerait de 346 millions à 239 millions d’ici 2070.
Cette évolution menace les systèmes capitalistes actuels qui dépendent d’une croissance constante. Quand les décès dépasseront les naissances, nous découvrirons ce qu’il advient d’une société capitaliste en décroissance démographique.
Face à cette crise silencieuse mais majeure, il devient crucial de réfléchir aux valeurs fondamentales qui nous définissent comme êtres humains. Car au final, qu’y a-t-il de plus humain que de donner la vie à un autre être humain ?
Source : Thoughty2