En juillet 2015, une jeune orque femelle s’est retrouvée coincée sur un affleurement rocheux de la côte de Colombie-Britannique. Ce qui aurait pu être une tragédie s’est transformé en un récit inspirant de courage, d’ingéniosité et de collaboration entre les sauveteurs et des experts en faune marine. Pendant près de neuf heures, une équipe dédiée a travaillé sans relâche pour garder l’orque en vie jusqu’à ce que la marée monte à nouveau, permettant ainsi à l’animal de se libérer et de rejoindre son groupe. Retour sur cette aventure incroyable.
L’incident inattendu : une orque coincée sur les rochers
L’incident s’est produit tôt un matin de juillet, alors qu’Eric Keen, chercheur sur les baleines, menait une étude dans les eaux de la Colombie-Britannique à bord de son navire, le Bangarang. C’est en entendant des cris lugubres provenant des rochers d’Andrew qu’il a fait la découverte troublante d’une jeune orque femelle en détresse, coincée entre des rochers pointus.
Une chasse mal calculée
Selon les experts, cette orque participait probablement à une chasse collective, une stratégie fréquemment utilisée par les orques pour capturer des phoques. Cependant, la jeune femelle a mal calculé sa position et s’est retrouvée piégée à mesure que la marée descendait. Avec de moins en moins d’eau autour d’elle, elle était incapable de se dégager de l’endroit où elle était coincée, et ses appels à l’aide devenaient de plus en plus désespérés.
La mobilisation des sauveteurs
Eric Keen a rapidement contacté Janie Ray et Hermann Muter, des spécialistes des orques, ainsi que d’autres organismes locaux, tels que les gardiens de Gitka et le ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO). Ensemble, ils ont décidé d’une approche prudente pour tenter de sauver l’orque.
Maintenir l’orque en vie jusqu’à la marée montante
Les sauveteurs ont rapidement compris qu’il serait trop risqué d’essayer de déplacer l’orque des rochers, car cela aurait pu aggraver ses blessures. Des balanes acérées recouvraient les rochers, et l’animal saignait déjà légèrement de la région pectorale et de la queue. L’équipe, suivant les conseils de John Ford et Paul Cottrell du MPO, a décidé de garder l’orque au frais et humide jusqu’à ce que la marée monte, moment où elle pourrait se libérer d’elle-même.
Une course contre la montre
La marée n’était pas censée remonter avant huit heures, laissant ainsi les sauveteurs avec un long marathon devant eux. L’équipe a improvisé une pompe à eau à l’aide de tuyaux et de ruban adhésif, arrosant l’orque avec de l’eau de mer rafraîchissante tout au long de l’opération. Des draps trempés dans l’eau de mer étaient régulièrement placés sur le corps de l’animal pour le protéger du dessèchement et de la chaleur.
Une confiance gagnée
Peu à peu, les cris de l’orque se sont calmés et sa respiration est devenue plus régulière, signe qu’elle avait commencé à faire confiance aux humains qui prenaient soin d’elle. Sa famille, incapable de venir à son secours, se tenait à proximité dans l’eau, répondant parfois aux vocalisations de la jeune femelle. Mais en ce moment critique, ce sont les sauveteurs humains qui étaient son seul espoir.
Une attente angoissante
Lorsque le soleil a atteint son zénith, la couverture nuageuse s’est dissipée et la chaleur de la journée a compliqué la tâche des sauveteurs. Cependant, ils ont continué à travailler sans relâche, échangeant les draps secs contre des draps fraîchement trempés dans l’eau de mer pour maintenir l’orque au frais. La situation devenait de plus en plus tendue à mesure que la chaleur montait, mais les sauveteurs ne relâchaient pas leurs efforts.
La marée montante et la libération
Après neuf heures d’efforts ininterrompus, la marée a finalement commencé à remonter. L’eau recouvrait progressivement le corps de la jeune orque, et l’équipe de sauveteurs a prudemment retiré les draps, espérant que l’animal serait bientôt capable de se libérer. Toutefois, au début, l’orque restait immobile, ce qui inquiétait l’équipe. Était-elle trop blessée ou épuisée pour nager ?
Soudain, l’orque a commencé à bouger, testant la profondeur de l’eau avec sa queue. Puis, avec deux puissants coups de queue, elle s’est dégagée des rochers et a rapidement rejoint l’océan. Les sauveteurs, debout sur les falaises voisines, ont éclaté de joie en voyant leur mission réussir.
Un retour émouvant auprès de sa famille
Une fois libre, la jeune orque a commencé à vocaliser, appelant sa famille qui se trouvait non loin. Après un moment d’incertitude, des réponses ont été entendues au loin, et l’orque a nagé dans leur direction, retrouvant finalement son groupe. Les sauveteurs, épuisés mais émus, se tenaient ensemble, fiers de ce qu’ils avaient accompli.