Le Livre d’Enoch est l’un des textes anciens les plus mystérieux jamais écrits. Il regorge d’histoires troublantes d’anges déchus, de géants, de connaissances interdites et de visions apocalyptiques. Il a récemment regagné l’attention du public, notamment lors d’une discussion dans l’émission Joe Rogan Experience. Mais pourquoi le Vatican a-t-il rejeté ce livre ? Quels secrets l’intelligence artificielle a-t-elle découverts en analysant sa véritable signification ?
Le livre d’Enoch : un texte ancien controversé
Le livre d’Hénoch est un ouvrage juif ancien autrefois très respecté par certains groupes, mais rejeté ou ignoré par la suite par les traditions juives et chrétiennes dominantes. Bien qu’il ne fasse pas partie de la Bible hébraïque officielle ou de la plupart des canons chrétiens actuels, il continue d’attirer l’attention des historiens, des théologiens et de tous ceux qui s’intéressent aux mystères bibliques.
Les spécialistes datent les différentes parties du manuscrit de diverses époques, d’environ 300 à 100 av. J.-C., suggérant ainsi qu’il a émergé durant une période complexe où de nombreuses idées religieuses diverses étaient partagées et consignées par écrit. Cette chronologie le rapproche d’autres écrits clés qui circulaient parmi les communautés juives dans les siècles précédant et suivant l’aube de l’ère commune.
Le texte est conservé de manière la plus complète dans l’Église orthodoxe éthiopienne, qui le garde dans sa collection scripturaire. Cette acceptation signifie que, si la plupart des dénominations chrétiennes occidentales et des communautés juives ne le considèrent pas comme canonique, il est officiellement reconnu par l’une des plus anciennes Églises chrétiennes du monde.
Enoch dans la généalogie biblique
Enoch est présenté dans la Bible hébraïque comme faisant partie de la généalogie remontant à Adam, le premier homme. Selon le livre de la Genèse, il est l’arrière-grand-père de Noé, ce qui le relie directement à l’histoire du Déluge. Cette partie de la généalogie se trouve dans le cinquième chapitre de la Genèse, qui énumère les patriarches d’Adam jusqu’à Noé.
Chaque patriarche aurait vécu de nombreuses années, mais Enoch se distingue car il aurait vécu 365 ans, puis « il ne fut plus, car Dieu l’enleva ». Cette phrase a intrigué les croyants et les érudits pendant des siècles. La plupart des figures bibliques sont simplement dites mortes, mais l’histoire d’Enoch est spéciale.
Cette disparition soudaine a donné lieu à l’idée qu’il aurait pu être emporté ou transporté au ciel sans connaître la mort telle qu’on l’entend habituellement. Dans le texte de l’épître aux Hébreux (11:5) du Nouveau Testament, il est fait référence à Enoch qui n’a pas connu la mort grâce à sa foi.
Les Veilleurs : anges déchus et connaissances interdites
Le livre d’Enoch aborde notamment le thème des Veilleurs, des anges qui étaient censés surveiller l’humanité, mais qui sont tombés dans la corruption. Au nombre de 200, ces Veilleurs sont descendus sur terre aux jours de Jared, le père d’Enoch, et ont formé un serment pour mettre leurs plans à exécution.
Shemhazai est nommé chef dans la plupart des versions du texte. Il s’inquiète de porter seul la culpabilité s’il ose briser la loi divine. Cependant, les autres anges commettent le même acte et prêtent serment ensemble. Leur péché consiste à prendre des épouses humaines et à enseigner à l’humanité des connaissances interdites.
Cette idée apparaît brièvement dans Genèse 6:1-4. Les fils de Dieu, voyant que les femmes humaines sont belles, les prennent pour épouses et engendrent une descendance hybride connue sous le nom de Nephilim. Dans le livre d’Énoch, ces Néphilim sont décrits comme des géants assoiffés de sang qui dévastent la terre par la violence et la méchanceté.
Azazel, un Veilleur spécifique, enseigne aux humains la métallurgie, la fabrication d’armes, les cosmétiques et d’autres métiers qui mènent à la vanité et à la violence. Certains enseignent les enchantements, l’astrologie, la connaissance des nuages ou le fonctionnement des constellations. Selon le livre d’Enoch, cette soudaine effusion de connaissances avancées éloigne les humains de la révérence naturelle pour Dieu.
Les sections du livre d’Enoch
Le livre des Veilleurs
Le Livre des Veilleurs est généralement considéré comme la partie la plus ancienne et peut-être la plus influente d’Enoch. Il commence par une annonce de jugement contre les anges déchus et constitue également un avertissement à l’attention de l’humanité. Enoch est présenté comme un homme juste dont Dieu ouvre les yeux pour lui permettre de voir les visions du ciel.
Cette section présente Enoch comme un médiateur. Il apprend le châtiment à venir des Veilleurs, mais ceux-ci le sollicitent également pour plaider leur cause devant Dieu. Dans certaines versions, il transmet la pétition des Veilleurs au trône divin, mais leur demande de pardon est refusée.
Le livre des paraboles
Le Livre des paraboles (chapitres 37 à 71) passe de l’attention directe portée aux Veilleurs à des thèmes plus larges tels que le jugement, l’espoir messianique et la fin des temps. Il aborde le thème d’une figure appelée le Fils de l’homme, l’Élu et le Juste, qui siège sur un trône de gloire. De nombreux érudits y voient des parallèles avec les idées sur le Messie qui apparaîtront plus tard dans les écrits chrétiens.
Le livre astronomique
Le Livre astronomique, également appelé Livre des luminaires, est une autre section remarquable d’Enoch. Il se concentre sur l’ordre cosmique, en particulier sur les mouvements du soleil, de la lune et des étoiles. Dans cette section, l’ange Uriel aurait guidé Énoch à travers le fonctionnement du cosmos.
L’une des idées principales est un calendrier solaire de 364 jours, dans lequel l’année est divisée en quatre saisons égales de trois mois de 30 jours, plus un jour supplémentaire. Cette conception aboutit à exactement 52 semaines par an, qui commencent toujours le même jour de la semaine.
Le livre des rêves et l’épître d’Enoch
Le Livre des Rêves (chapitres 83 à 90) présente des visions allégoriques qui racontent l’histoire d’Israël et du monde. Dans ces visions, les animaux symbolisent souvent des êtres humains ou des groupes de personnes, tandis que les figures humaines peuvent représenter des anges.
L’Épître d’Énoch (chapitres 91-108) est un mélange d’enseignements éthiques, de visions apocalyptiques et de prophéties spécifiques. Une partie de cette section inclut ce qu’on appelle l’Apocalypse des semaines, dans laquelle l’histoire du monde est divisée en dix semaines, chacune représentant une période ou une dispensation particulière.
Les vues des premiers pères de l’Église
Au début de la diffusion du christianisme, au Iᵉʳ siècle après J.-C., les positions des figures de l’Église primitive sur le livre d’Hénoch étaient diverses. Certains pères de l’Église l’ont traité avec respect, tandis que d’autres l’ont rejeté.
Parmi ceux qui s’y intéressaient figuraient Justin Martyr, Athénagore d’Athènes, Irénée, Clément d’Alexandrie, Origène, Tertullien et Lactance. Ils se référaient parfois aux écrits d’Énoch pour discuter des anges, des démons ou de l’ordre cosmique. Tertullien est même allé jusqu’à qualifier le livre d’Énoch d’Écriture, soutenant qu’il avait été rejeté par les Juifs parce qu’il contenait des prophéties concernant le Christ.
Cependant, avec le temps, le livre d’Enoch n’est pas devenu une partie standard du Nouveau Testament chrétien et n’a pas été accepté dans le canon juif. Une raison probable est qu’il n’a pas été écrit originellement en hébreu. Certaines parties étaient en araméen et le livre était associé à des groupes ou des idées que le courant dominant pouvait considérer comme marginaux ou hérétiques.
Néanmoins, de nombreux érudits estiment que ses thèmes ont influencé des passages du Nouveau Testament. L’épître de Jude, par exemple, cite une prophétie qui semble correspondre à un passage d’Enoch 1:9, dans lequel Dieu est décrit comme venant avec dix mille de ses saints.
Source : Voyager