En moins de deux ans, ChatGPT a bouleversé notre quotidien. Avec ses 500 millions d’utilisateurs actifs, cet outil d’intelligence artificielle est devenu indispensable pour des millions de personnes. Pourtant, derrière cette révolution technologique se cache une réalité bien différente des promesses initiales. L’organisation qui devait offrir une intelligence artificielle ouverte et gratuite à l’humanité s’est transformée en une entreprise lucrative contrôlée par les géants de la technologie.
Comment ChatGPT crée une dépendance cognitive
L’addiction à l’intelligence artificielle ne s’installe pas brutalement. En 2022, OpenAI a rendu ChatGPT accessible gratuitement et sans restriction. L’expérience était séduisante : un interlocuteur disponible 24 heures sur 24, patient, cultivé, capable de répondre mieux et plus rapidement qu’un professeur ou qu’un collègue. En quelques semaines seulement, des millions d’utilisateurs sont devenus dépendants de cet assistant virtuel.
Les chiffres sont vertigineux : entre 300 et 500 millions d’utilisateurs hebdomadaires déclarent aujourd’hui ne plus pouvoir se passer de cet outil. Une génération entière grandit avec l’idée qu’apprendre, c’est interroger une machine. Selon Sam Altman, le dirigeant d’OpenAI, d’ici 2026 ou 2027, l’intelligence artificielle sera devenue aussi indispensable que l’électricité.
Cette facilité d’accès a toutefois un prix : une paresse cognitive dangereuse s’installe progressivement. Nous déléguons notre réflexion à la machine. Plus besoin de mémoriser, d’analyser ou de synthétiser : ChatGPT s’en charge. Une étude menée par la Wharton School a démontré que les étudiants utilisant l’intelligence artificielle voyaient leurs performances chuter de 17 % dès qu’on leur retirait leur assistant numérique. Les chercheurs nomment ce phénomène le « cognitive offloading » : nous sous-traitons littéralement notre cerveau.
La stratégie commerciale de Microsoft
Il y a cinq ans, Microsoft accusait un retard considérable dans ce domaine. Le géant de l’informatique, leader mondial des systèmes d’exploitation et du cloud, ne disposait alors d’aucun programme suffisamment avancé pour rivaliser avec la concurrence. La solution est venue d’un laboratoire de recherche californien dirigé par Elon Musk et Sam Altman : OpenAI.
Les divergences de vision entre les deux hommes ont provoqué leur séparation en 2017. Elon Musk souhaitait maintenir OpenAI comme une organisation au service de l’humanité, tandis que Sam Altman envisageait des projets plus commerciaux. Le virage lucratif d’OpenAI a été rendu possible grâce à Microsoft.
En 2019, la firme de Redmond a mis à disposition des chercheurs ses infrastructures cloud, parmi les plus puissantes au monde. Microsoft a progressivement investi 13 milliards de dollars pour détenir aujourd’hui environ un quart de l’entreprise. Entre-temps, OpenAI a changé de forme juridique pour adopter une structure plus favorable à la rentabilité. L’entreprise est désormais valorisée à près de 500 milliards de dollars.
La stratégie de Microsoft consiste à utiliser la puissance de Windows, présent sur 74 % des ordinateurs personnels dans le monde, pour imposer ChatGPT et Operator partout. Ce déploiement massif vise à verrouiller rapidement des centaines de millions d’utilisateurs, qu’il s’agisse de particuliers, d’entreprises, d’administrations ou même de gouvernements. L’intelligence artificielle est déjà déployée dans des secteurs sensibles tels que l’éducation, les services financiers, la sécurité et la production énergétique.
La collecte massive de données personnelles
OpenAI ne génère pas encore de bénéfices, mais grâce à son partenariat avec Microsoft, l’avenir s’annonce prometteur. L’enjeu est bien plus vaste que la simple part de marché. La véritable richesse du XXIème siècle réside dans les données. ChatGPT collecte des milliards d’informations lors de chaque conversation avec chaque utilisateur. Votre assistant virtuel sait tout de vous, et son concepteur aussi.
Chaque requête saisie dans ChatGPT permet de déterminer votre façon de penser, vos croyances, vos obsessions et vos lacunes. Au fil des échanges, l’intelligence artificielle cartographie votre personnalité et votre cerveau. L’entreprise effectue simultanément cette analyse sur des centaines de millions d’autres utilisateurs, créant ainsi un trésor inestimable pour quiconque souhaite comprendre et influencer les comportements humains.
ChatGPT ne se contente pas de répondre, il oriente subtilement les utilisateurs. Un mot mis en avant plutôt qu’un autre, une nuance glissée dans une phrase, une source citée tandis qu’une autre est évacuée. Ces mécanismes imperceptibles mais efficaces façonnent votre perception de la réalité. Vous avez l’impression de prendre des décisions en toute liberté, alors que vous évoluez dans un couloir soigneusement balisé.
Les projets parallèles de Sam Altman
Parallèlement, Sam Altman a lancé deux projets d’envergure mondiale. Pour collecter davantage de données, il a créé un système de contrôle d’identité planétaire et envisage la mise en place d’un revenu universel généré par l’intelligence artificielle. Il a nommé ce projet World, basé sur l’idée que l’intelligence artificielle produira davantage de richesses que les êtres humains et que les bénéfices seront redistribués à tous.
Le dispositif central, l’Orb, est une sphère équipée de capteurs biométriques. Elle scanne l’iris de chaque utilisateur afin de générer un identifiant mondial unique, le World ID, qui est une preuve cryptographique d’humanité. Ce dispositif est destiné à sécuriser l’accès à l’économie numérique et aux futurs services décentralisés. L’objectif est double : distinguer avec fiabilité les humains des intelligences artificielles dans un monde envahi de deepfakes et de robots, et permettre une redistribution de la valeur créée par l’intelligence artificielle via une cryptomonnaie, le Worldcoin, distribuée gratuitement lors du scan.
Cette identité biométrique universelle pourrait également servir à sécuriser les votes, les paiements et les réseaux sociaux. Cependant, ce projet rencontre une forte opposition. Plusieurs pays, dont l’Espagne, l’Italie et l’Indonésie, ont interdit le déploiement de l’Orb, en raison de préoccupations relatives à la protection des données et à la conformité aux lois sur la vie privée.
Operator : l’outil multifonction qui anticipe vos besoins
En 2025, une nouvelle étape a été franchie avec Operator. Cet agent d’intelligence artificielle ne se contente plus d’attendre vos questions, il prend également des initiatives. Il gère vos rendez-vous, vos e-mails et vos achats. Il anticipe vos besoins, vous propose des solutions et fait le lien avec vos applications, vos comptes et vos données.
Operator n’est pas seulement une application pratique permettant de commander une pizza. C’est une interface qui deviendra progressivement incontournable entre vous et le monde numérique. Ce super assistant représente une nouvelle forme de dépendance technologique, encore plus profonde que celle créée par ChatGPT.
Le futur : des implants cérébraux pour une connexion directe
L’avenir dessiné par OpenAI va bien au-delà de l’utopie d’une intelligence artificielle bienveillante au service de l’humanité. La société a lancé Merge Labs, qui vise à concurrencer l’implant cérébral Neuralink d’Elon Musk. Les premiers prototypes de connexion directe cerveau-machine pourraient être testés sur un large public dans moins de deux ans. Elon Musk, qui travaille également sur le sujet, annonce un objectif de 20 000 personnes équipées par an d’ici 2031 avec ce qu’il appelle la télépathie.
Concrètement, cela signifie qu’Operator ou ChatGPT ne seront plus seulement sur votre montre ou votre smartphone. Ils seront en lien direct avec votre pensée, une extension permanente qui permettra de se passer de clavier ou de microphone. À terme, l’intelligence artificielle complétera directement vos idées et, inversement, vos pensées enrichiront ses bases de données. Ce sera un nouveau système d’exploitation mental inédit et redoutable.
Peut-on encore échapper à cette emprise ?
Avec un tel avenir verrouillé, la concurrence open source n’a pratiquement aucune chance. Toute tentative d’alternative est étouffée dans l’œuf, faute de financement, ou absorbée par des réglementations sur mesure destinées à protéger les géants de la technologie. Il existe toutefois des alternatives : de petites intelligences artificielles open source sans centralisation des données, des communautés qui militent pour la transparence, ainsi que des projets universitaires qui refusent la centralisation, à l’image du projet Ocean.
Toutefois, ces initiatives ne disposent ni de la puissance de calcul ni des milliards nécessaires pour rivaliser avec OpenAI. Sans compter que nous sommes déjà trop dépendants pour refuser le confort et la facilité offerts par ChatGPT.
L’objectif final de Sam Altman et de ses associés est de transformer l’humanité en un réseau de cerveaux assistés, incapables de fonctionner sans leur dose quotidienne d’intelligence artificielle. D’abord, ChatGPT sur votre écran, puis Operator qui gère votre vie, et demain, une puce dans votre cerveau. La question ne sera bientôt plus de savoir qui pense, mais si vous pensez encore.
En 2015, OpenAI promettait de sauver l’humanité. En 2025, l’entreprise est en train de la reprogrammer. Le but n’est pas de nous remplacer, mais de devenir le système d’exploitation de nos cerveaux. Maintenant que vous connaissez la réalité de ChatGPT, il vous appartient de décider : continuer à alimenter la machine avec vos données, vos pensées et votre dépendance, ou reprendre le contrôle tant qu’il est encore temps.
Source : MoneyRadar































![[Vidéo] 45 moments où Dame Nature s’est déchainée, capturés par caméra](https://cdn-0.buzzpanda.fr/wp-content/uploads/2024/10/45-fois-o-650-360x180.jpg)

























